La Route de Cormac MCCARTHY

Vendredi 10 juin 2011 à 21:25

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La Route

de
Cormac McCarthy
(Baby Drame - 5/20,
Partenariat Livraddict - Point 2)

Point 2,
2011, p. 432

Première Publication : 2006


Pour l'acheter :
La route


Cormac McCarthy est un écrivain américain né le
20 juillet 1933 à Providence, Rhode Island (États-Unis). On le compare régulièrement à William Faulkner et, plus rarement, à Herman Melville.



http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Habillage/Quatriemedecouverture.jpghttp://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Majuscules/Iorange.jpgls avancent vers les côtes du Sud, dans un paysage de cendres et de ruines. Un père et un fils, main dans la main, ont décidé de survivre à l'apocalypse.



http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Habillage/Monavis.jpghttp://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Majuscules/Lgrisfonce.jpga Route de Cormac McCarthy est une histoire qui m’intrigue depuis la sortie de son adaptation au cinéma en 2009. Je n’ai pas eu l’occasion de voir le film, malgré la présence de Viggo Mortensen dans le rôle principal, mais espère bien pouvoir remédier à ça dès que l’occasion se présentera. J’avais prévu d’acheter le texte original aussitôt qu’il passerait dans mes mains au détour d’une librairie d’occasion, mais le partenariat proposé par Livraddict passant par là, ma découverte a été avancée de quelques semaines. Ce partenariat était également l’occasion de tester le nouveau format proposé par Point 2. Je remercie donc la team Livraddict et la maison d’édition pour l’envoi de ce titre.
Il semblerait que le texte de Cormac McCarthy ait reçu de bons retours lors de sa publication en 2006. Très bons même puisqu’il a remporté le prix Pulitzer en 2007. Je me faisais donc une joie lorsque j’ai reçu mon exemplaire et à vrai dire, je suis plutôt déçue par cette lecture (à croire que j’ai du mal avec les livres primés…). Et, quelques jours après, je ne retiens pas grand-chose si ce n’est l’image que je me faisais déjà de cette histoire avant de la lire.
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http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Auteurs/mccarthy.jpgLe résumé tient en une phrase ou deux. Un père et son fils marchent sur une route, se dirigeant vers le sud, traversant des paysages incendiés desquels toute trace de faune et de flore a disparu… Sur le chemin, ils doivent se cacher des autres survivants, parfois se battre pour les rares restes de nourriture qu’ils trouvent… Bref, survivre et avancer, quoi qu’il arrive.
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Si ce récit « post-apocalyptique » me tentait, c’est surtout car je croyais qu’il tournerait autour de cette apocalypse et de ses causes notamment. Je m’attendais à de la science-fiction ou à quelque chose d’approchant, mais ce n’est pas le cas, d’où ma première déception.
J’aurais aimé tout savoir sur ce qui était arrivé sur Terre pour que la planète en arrive à de telles extrémités : tout est constamment en feu malgré un hiver glacial qui semble durer (la neige tombe régulièrement), la faune et la flore paraissent anéanties et seuls quelques êtres humains errent parmi les ruines. Les seuls éléments à notre disposition sont les descriptions du décor faites par l’auteur.
Pourquoi en est-on arrivé là ? Comment ? Point de réponse et il faudra s’en contenter. Je me rends compte au fil des années et de mes lectures que finalement, j’aime les livres qui offrent toutes les réponses aux questions que je peux me poser pendant ma lecture. J’aime assez que les choses soient claires, nettes et précises, sinon je reste sur ma faim et je suis frustrée !
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Finalement, La Route est surtout basée sur la relation entre un père et son fils et sur cet instinct humain qui pousse à survivre et à avancer jusqu’au bout, jusqu’au dernier souffle.
Je le concède, ces deux approches sont non seulement intéressantes mais également « touchantes » ou du moins, sont censées l’être. Car de mon côté, si j’ai parfois été légèrement émue par ce père et son fils et leur survie dans ce monde hostile, ç a n’a pas été vraiment plus loin ; dommage.
Je crois que si je suis restée assez distante c’est surtout car, encore une fois, j’avais trop peu d’éléments les concernant à me mettre sous la dent. Je sais que les prénoms, par exemple, ne sont que des détails, mais ce sont des détails qui m’ont manqué. De l’homme et de l’enfant, on ne connaît seulement que leur relation père-fils, aucun détail sur leur identité, aucune information (ou presque) sur leur passé. Alors oui, l’accent est mis sur leur relation dans ce monde post-apocalyptique et oui ce côté « anonyme » permet une certaine généralisation… mais en contrepartie, ces deux personnages sont restés comme des étrangers pour moi, et je regrette de ne pas avoir pu m’attacher davantage à eux et à leur histoire.
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Le côté froid et distant est aussi accentué par la plume de Cormac McCarthy. Phrases lapidaires (sous la forme : sujet + verbe + complément) et mots simples, l’auteur ne s’encombre pas de détails inutiles ; il pose le décor et les scènes brusquement. Brutalité et dénuement de la forme collent parfaitement avec le fond. Je reconnais le travail sur le style et félicite même l’auteur pour celui-ci. Les images qu’il nous offre sont fortes et plutôt marquantes. Cependant, je n’ai pas été transportée.
Encore une fois le caractère trop distant de la plume et de l’histoire qu’elle sert ne m’a pas permis « d’entrer » pleinement dans cette aventure. Heureusement, les chapitres ultracourts (plutôt assimilables à des paragraphes, en fait) et l’apparente simplicité du style permettent une lecture rapide et sans problème de compréhension.
Dommage que l’émotion que j’attendais n’ait pas été au rendez-vous (ou si peu)… J’espère être plus touchée par le film et la prestation de Viggo Mortensen.


Les Petits [ + ] : La relation père-fils mise en avant. C’est aussi l’histoire d’êtres humains qui, par instinct, survivent et avancent sur cette route, coûte que coûte. L’histoire est servie par un plume « brutale » et dépouillée. Pas de « vrais » chapitres, juste de courts paragraphes qui rythment le texte ; la lecture est donc rapide.
Les Petits [ - ] : Peu de réponses à mes questions : comment et pourquoi la Terre en est arrivée là ? Qui sont ce père et son fils, quel est leur passé ? Trop de distance avec l’histoire et les personnages, j’ai lu en restant étrangère. Je m’attendais à plus d’émotions, à être plus touchée par ce qui arrive à ce père et son fils, mais en fait non ; dommage.


Merci à Point 2
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et à Livraddict !
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Avant de terminer ce billet, je vous propose un petit paragraphe (ou plusieurs) sur le nouveau format des éditions Point 2.

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orsque j’ai reçu l’ouvrage, ma première réaction en le prenant dans ma main a été : « Waouh ! Si petit ! On dirait la taille d’un iPhone [notez que je n’ai pas d’iPhone et ne compte pas en avoir, donc ne connais pas la taille précise d’un tel gadget ; mais La Route m’a fait penser à ça !] » En le feuilletant ce jour-là, j’ai testé le tournage de pages du bas vers le haut et j’ai aperçu la police du texte. Premières impressions positives et expérience excitante.
Le lendemain, j’ai réellement testé ce format dans le bus qui m’amène sur mon lieu de travail. Premier constat d’ordre pratique : La Route tient dans la poche de ma veste au côté de ma carte de transport. Pas besoin d’ouvrir mon sac et de fouiller au fond pour l’en sortir. Deuxième constat rapide une fois debout dans le bus : je me cramponne avec la main droite et tiens l’ouvrage dans la gauche. Et pour la première fois de ma vie alors que je tiens un livre d’une seule main, je n’ai pas cette horrible crampe entre le pouce et l’index car l’objet est trop lourd ou trop volumineux. En revanche, il me faut encore l’autre main pour tourner les pages, mais entre deux virages, c’est parfaitement jouable.
http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Divers3/point2.pngCertains ont apparemment été gênés par la taille de la police, police que je n’ai pas trouvée plus petite que dans un livre de poche « normal ». D’autres ont avancé l’argument de la fragilité des feuillets. Certes, c’est du papier « bible » donc peu épais et facilement froissable ; mais, après une semaine de vadrouille dans la poche de ma veste pour le trajet en bus, je ne déplore aucune perte, le livre est comme neuf. Je n’ai eu aucun mal à tourner les pages et, personnellement, le papier bible me fait penser aux livres de la Pléiade qui l’utilisent aussi et qui sont des ouvrages de grande qualité…
Je ne pense pas que Point 2 concurrencera réellement le livre numérique ou prendra la place des poches habituels bien implantés, mais c’est un format pratique, bien pensé, et joli… J’imagine le soulagement que pourrait être un départ en vacances avec seulement des Point 2 dans ma valise… quel gain de place et de poids ! Cela dit, ce n’est pas encore pour demain…
En effet, deux points négatifs viennent entacher tout le reste : le catalogue peu fourni et surtout, le prix d’un ouvrage (qui tourne en moyenne autour de 12€) ! Ces deux points ne sont pas gravés dans le marbre et évolueront je pense… J’attends avec curiosité les prochaines entrées dans le catalogue et j’espère également une baisse du prix. Comme beaucoup, et malgré les attraits des Point 2, j’achèterai toujours plus un titre dans un format poche habituel s’il existe et s’il est moins cher. Il serait peut-être intéressant pour Point 2 de publier des ouvrages uniquement sortis en grands formats et pas encore en poches… Je pense que les lecteurs seraient alors plus tentés par le prix proposé, toujours élevé certes, mais toujours moins qu’un Robert Laffont, Albin Michel,…

Pour résumer mes impressions sur le format Point 2 : mis à part le prix élevé et le catalogue peu fourni aujourd’hui (mais qui ne fera que s’enrichir au fil des mois !), mes impressions sont plus que positives. Je doute du côté « révolutionnaire » du format mais suis tout de même très enthousiaste !


Kafka sur le rivage de Haruki MURAKAMI

Samedi 23 avril 2011 à 19:23

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Kafka sur le rivage
de
Haruki MURAKAMI
(Lecture Commune,
Baby Contemporain - 5/20)
 
10/18
,
2008, p. 638

Première Publication : 2003


Pour l'acheter : Kafka sur le rivage



Haruki Murakami, né à Kyōto le 12 janvier 1949, est un écrivain japonais contemporain.

Ses écrits (romans ou nouvelles) sont fréquemment fantastiques, ancrés dans une quotidienneté qui, subtilement, sort des rails de la normalité. Ayant vécu dans le sud de l'Europe (Grèce, Italie), puis aux États-Unis, l'influence occidentale est assez perceptible dans ses œuvres. Cela fait de lui un écrivain plus international que d'autres avec des références de la culture populaire mondiale tout en gardant un vécu japonais contemporain à ses personnages.





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http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Majuscules2/Kkakifonce.jpgafka Tamura, quinze ans, fuit sa maison de Tokyo pour échapper à la terrible prophétie que son père a prononcée contre lui. Nakata, vieil homme simple d'esprit, décide lui aussi de prendre la route, obéissant à un appel impérieux, attiré par une force qui le dépasse. Lancés dans une vaste odyssée, nos deux héros vont croiser en chemin des hommes et des chats, une mère maquerelle fantomatique et une prostituée férue de Hegel, des soldats perdus et un inquiétant colonel, des poissons tombant du ciel, et bien d'autres choses encore. Avant de voir leur destin converger inexorablement et de découvrir leur propre vérité.




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http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Majuscules/Corangeclair.jpget été, Matilda (et oui, décidément, c’est la Bonne Fée des Livres !) m’avait fait parvenir un énorme colis (Les Livres sont faits pour voyager) contenant pas moins de 12 titres. Parmi eux, le pavé de Haruki Murakami, Kafka sur le rivage. Ayant aimé la Traversée de la nuit du même auteur, Matilda attendait de moi que je serve cobaye pour ce titre. N’ayant pas eu, jusque là, l’occasion et le courage (avouons-le) de me lancer dans ces 640 pages, j’ai profité d’une lecture commune organisée sur Livraddict pour me jeter à l’eau. J’ai d’ailleurs deux jours de retard sur le planning et m’en excuse.
Autant le dire d’emblée : je n’ai pas aimé cette lecture. Je n’ai pas non plus détesté mais je me demande bien pourquoi ce livre a autant de succès ! Je suis déçue. Déçue par cette lecture que je pensais apprécier et déçue par moi-même de ne pas l’avoir fait. J’en viens à me demander si je ne suis pas passée à côté de quelque chose. Au vu de tous les avis positifs que j’avais croisés jusque là, je me dis que j’ai du louper le coche ! Je suis sortie de ce livre soulagée (je n’en voyais pas la fin !) mais également agacée car j’ai l’impression de ne pas avoir compris. Sortir d’une lecture en me disant : « Tu dois être un peu stupide pour ne pas avoir capté les choses… », je vous jure, ça me déprime ! Cela dit, il n’y a peut-être rien à comprendre, mais dans ce cas-là, je me demande encore plus où est « l’intérêt » de ce livre…
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Kafka Tamura (Kafka est le prénom d’emprunt qu’il a choisi) fait une fugue le jour de ses 15 ans. Grâce à sa fuite, il espère échapper à la prédiction faite par son père, prédiction toute oedipienne : l’adolescent tuera son père et couchera avec sa mère et sa sœur aînée. Ces deux dernières sont sorties de la vie de Kafka alors qu’il n’avait que 4 ans, il ne se souvient ni de leur visage ni de leur prénom. C’est avec cette malédiction pour seul bagage (ou presque) qu’il quitte Tokyo pour s’installer dans une petit ville. Pour passer le temps, il occupe ses journées à lire à la bibliothèque Kamura où il fait la connaissance d’Oshima, le jeune homme de la réception et de Melle Saeki, la directrice des lieux. Pendant quelques semaines loin de chez lui, il va vivre et découvrir de nombreuses choses…
De son côté, Nakata est un vieux monsieur un peu sénile qui, suite à un accident lorsqu’il était enfant, n’a jamais pu réapprendre à lire et à écrire. Pour subvenir à ses besoins et compléter la maigre pension que lui accorde le préfet de Tokyo, il se fait payer pour retrouver des chats perdus. Il est plutôt doué dans ce domaine puisqu’il a l’étrange particularité de pouvoir parler avec les félins. Un incident le contraint à quitter la sécurité de sa petite routine et à partir sur les routes nippones à la recherche de… quelque chose !
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J’ai bien compris que les métaphores avaient une importance capitale dans le texte, les personnages le répètent assez, mais l’ensemble reste particulièrement flou ; à commencer par le « contexte ».
Oui, nous sommes au Japon. Les lieux sont assez bien décrits, plutôt précis ; à part peut-être le passage où Kafka se rend dans la forêt profonde et se retrouve… dans une autre dimension ? Au Paradis ? Il tombe dans le coma et se retrouve de l’autre côté de la barrière pendant quelques heures, le temps de prendre la décision (« J’y retourne ? J’y retourne pas ? ») ? Je veux bien qu’il y ait des symboles et je vous jure, la symbolique, j’adore ça ; mais là…
Quant aux dates… j’ai cru avoir la certitude que cette histoire se déroulait autour des années 2000 sur une durée de… deux ou trois semaines je dirais ; mais en fait je n’en sais rien. C’est nébuleux, un peu comme quand je n’ai pas les idées claires avec l’impression d’avoir la tête dans du coton. Difficile à expliquer, mais c’est un peu le sentiment que j’ai eu pendant cette lecture.
Je ne suis pas du tout contre un contexte un peu flou, ce qui peut donner cette idée d’universalité et d’intemporalité, mais lié en plus à une intrigue vague… j’ai du mal !
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http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Auteurs/murakami.jpgJ’ai tourné la dernière page en me disant : « Ok. C’est tout ? 640 pages pour ce résultat ? » Non, parce que, finalement, je sors de Kafka sur le rivage avec l’impression de n’avoir aucune réponse à mes questions. D’ailleurs, quand je réfléchis deux minutes, je n’arrive même pas à expliquer pourquoi Nakata entreprend ce voyage ? Ok, pour fuir Tokyo, mais pourquoi cherche-t-il cette pierre ? Et une fois qu’il l’a trouvée, ça se termine comme vous savez… et c’est tout ? Et que s’est-il vraiment passé pour le père de Kafka ? Et cette histoire d’évanouissement des 16 enfants en haut de la colline ? Au début, c’est surtout cette mini-intrigue qui m’intéressait. Lorsqu’on la quitte, je me suis dit que ça n’avait pas d’importance, que j’aurais une réponse plus tard ; mais non, nada, que dalle !
Je suis frustrée à un point… Je peux concevoir que ce livre n’offre pas les réponses car ainsi, chacun est libre d’interpréter comme il veut. Oui, mais personnellement, ça me gonfle. J’aime que les choses soient claires ou au moins qu’on ait assez de « clefs de lecture » pour pouvoir arriver à une conclusion satisfaisante. Cela dit, peut-être que c’est moi qui n’ai pas su attraper ces clefs quand elles se sont présentées…
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Au niveau des personnages, je crois qu’aucun ne m’a plu. J’ai peut-être une petite préférence pour Nakata mais sa façon de répéter toutes les deux lignes que « Nakata n’est pas très intelligent » m’a vite lassée. Kafka, l’autre héros, ne m’a pas touchée une seconde. Il a presque eu l’effet répulsif sur moi, au contraire ! Et cette manie de tout faire tourner autour du sexe… rassurez-moi, un ado de 15 ans ne pense quand même pas qu’à ça ? (J’ai peur de la réponse…)
Au final, ce sont peut-être les personnages secondaires, ceux que rencontrent les deux héros et qui les portent, qui m’ont paru les plus intéressants. Mais, Oshima, le jeune réceptionniste de la bibliothèque qui prend Kafka sous son aile, est vite lassant avec son problème de sexualité. Melle Saeki a une histoire intéressante, mais peut-être pas assez mise en avant pour m’accrocher. Après réflexion, je crois que c’est Hoshino qui a adoucit un peu ma lecture. Ce jeune chauffeur-routier qui prend Nakata en stop et se voit embarqué dans la quête du vieil homme alors qu’il n’a rien demandé… Malheureusement, un seul personnage attachant (et encore, il ne m’a pas non plus transportée !) sur 640 pages, ça ne suffit pas à sauver un livre…
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Je pensais que la plume de Haruki Murakami me plairait et égaierait ma lecture si l’histoire ne me passionnait pas ; mais en fait non. Ne lisant pas le japonais, je me base évidemment sur la traduction française qui ne rend peut-être pas hommage au talent de l’auteur ; mais je ne peux pas en juger. Mes propos ne sont donc valables que pour la dite traduction (signée Corinne Atlan).
La quatrième de couverture annonce : « C’est cruel, beau, cru. » Mouais. Je n’ai, personnellement, pas trouvé ça beau. Cru, oui parfois, et c’est même un peu « choquant » dans le sens où j’ai eu l’impression que ça n’allait pas avec ce qui était autour, pas dans le sens où lire « pénis » et « vagin » me gêne. J’ai parfois décroché lors de certains passages descriptifs et certains dialogues m’ont semblé répétitifs d’une situation à une autre.
En revanche, l’alternance de point de vue d’un chapitre à l’autre (on suit alternativement la quête de Kafka et celle de Nakata) m’a plu. C’était même un bon moyen, parfois, de me pousser à lire un chapitre sur Kafka, par exemple, pour avoir la révélation attendue au sujet de Nakata… Grâce à ce rythme, j’ai quand même réussi à avancer plus ou moins vite. Autre petit point positif : certains dialogues entre les personnages, mettent en avant des questions « philosophiques » ou nous apprennent pas mal de choses intéressantes sur diverses choses, sur le caractère exécrable de Beethoven, par exemple. Malheureusement, ces deux derniers points ne sont pas assez importants pour me faire changer d’avis.
Comme vous l’aurez compris, je n’ai pas pris plaisir à ce style « contemplatif » qui « fait appel à notre souplesse et à notre ouverture »… A croire que j’ai l’esprit fermé, moi qui m’étais toujours félicitée de ma tolérance et de ma curiosité. Je pense que je ne suis pas particulièrement faite pour la littérature japonaise. « Ce conte initiatique, moderne et onirique » ne m’a nullement fait rêver, et je le regrette sincèrement.
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J’aimerais adoucir mes propos en terminant sur une note positive mais je n’en vois pas. Je terminerai donc en répétant ma frustration et ma déception et en rappelant que cet avis n’engage que moi


Les Petits [ + ] : L’alternance des deux quêtes (celle de Kafka et celle de Nakata) entre chaque chapitre. Certains passages de réflexions et de « culture générale » qui sont intéressants. Hoshino, le chauffeur-routier qui accompagne Nakata, est finalement le personnage qui m’a le plus plu.
Les Petits [ - ] : Je ressors de cette lecture avec aucune réponse à mes questions et en ayant l’impression de ne pas avoir compris les tenants et les aboutissants de cette histoire. 640 pages (c’était long !), et au final, tout ça pour ça ? Kakfa, le héros, n’a pas su me toucher, bien au contraire ! Je n’ai pas adhéré à la plume de Murakami (ou plutôt à la traduction française) que je n’ai pas trouvé belle, contrairement à ce que j’attendais. Une grande frustration et une très grosse déception !



Les avis des autres participants à la LC : Felina, Gaya.


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Le Patient anglais
(L'Homme flambé)

de
Michael ONDAATJE
(Challenge ABC 2011 - 9/26)
Points,
1995, p. 320

Première Publication : 1992




Pour l'acheter : Le patient anglais





Philip Michael Ondaatje, né le
12 septembre
1943, est un romancier
et poète
canado-srilankais.





 
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http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Majuscules/Qgrisfonce.jpguelque part en Italie, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, dans une villa transformée en hôpital militaire, Hana, une jeune infirmière, veille sur son unique patient : un aviateur anglais atrocement brûlé lors d'un accident d'avion dans le Sahara. Deux hommes font irruption dans la villa éventrée par les obus, et chacun tour à tour doit dévoiler son secret. Le plus énigmatique reste celui de ce patient anglais, ivre de morphine, amoureux du désert, qui raconte dans les marges des livres ses propres histoires chimériques.



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http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Majuscules/Lorangeclair.jpge Patient anglais fait partie de ces livres que je n’ai pas l’habitude de lire mais qui me font de l’œil pour X raisons. Dans ce cas précis, c’est après l’avoir vu répertorié dans les 1001 livres qu’il faut avoir lus dans sa vie et après avoir découvert qu’une adaptation avait été tournée avec Ralph Fiennes et Colin Firth (et ouais !), que j’ai eu envie de tenter l’aventure. Je n’ai pas encore vu ce film, mais j’espère sincèrement qu’il me plaira davantage que le texte d’origine signé Michael Ondaatje.
Après avoir enchaîné les coups de cœur et les très bonnes découvertes depuis début janvier, cette lecture a été looooongue… je n’étais peut-être pas dans les meilleurs conditions pour la savourer, mais je suis certaine de ne pas m’y risquer à nouveau ; tant pis pour moi. Voilà donc la plus grosse déception de l’année 2011, pour le moment !
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Hana, jeune infirmière de 20 ans, vit seule avec un patient - soi-disant anglais - dans une villa italienne précédemment transformée en hôpital militaire. A la fin de la seconde guerre mondiale, tous les autres patients et membres du corps médical sont partis, mais elle a insisté pour rester et s’occuper de ce patient mystérieux, brûlé sur tout le corps, intransportable…
Après des semaines de vie à deux, Caravaggio, un voleur, ancien ami du père d’Hana, arrive et décide de s’installer avec eux. Un peu plus tard, c’est au tour de Kip, un sapeur indien, d’entrer dans la place. A 24 ans, il passe ses journées à risquer sa vie en désamorçant les mines laissés par les allemands…
Les quatre figures évoluent dans cette villa à moitié en ruine et apprennent à se connaitre au fil des jours…
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http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Auteurs/michaelondaatje.jpgQu’il est difficile de rédiger ce billet ! J’essaye de trouver des points positifs et tente d’être la plus objective possible mais… Commençons déjà par les points négatifs pour tenter de finir sur le meilleur.
C’est long. Interminable même. Je ne m’attendais pas forcément à trouver des actions à toutes les pages, mais quand même, au moins une de temps à autre… J’essaye de mettre mes idées en place mais sincèrement, je ne me souviens que d’un passage, le seul m’ayant à peu près plu : lorsque Kip désamorce une mine dans un champ voisin de la villa et qu’Hana lui vient en aide. C’est le début d’un rapprochement entre ces deux là, et la seule scène m’ayant touchée.
Pour le reste, on suit surtout les histoires, les souvenirs des personnages, notamment le passé de Kip et celui du patient brûlé. Je pensais que découvrir les histoires de chacun serait intéressant, mais en fait non, je me suis juste ennuyée.
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En plus, Michael Ondaatje passe de la narration du moment « présent » aux souvenirs d’un personnage sans prévenir. On change donc, d’une phrase à l’autre, de lieux, de temps,… et même de pronom personnel ! Au début, j’ai vraiment eu du mal à m’habituer à ses sauts dans le passé et j’étais complètement perdue !
Pour rester du côté de la forme, j’ai trouvé certaines descriptions (notamment lorsqu’il s’agit d’histoire de mines et de bombes) interminables. J’ai d’ailleurs du sauter quelques lignes plusieurs fois pour ne pas risquer de piquer du nez trop vite.
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En ce qui concerne les personnages, et c’est un autre des soucis majeurs de ce texte, ils ne m’ont absolument pas touchée.
Caravaggio est trop peu mis en avant pour qu’on s’attache à lui. Je crois d’ailleurs que je n’ai toujours pas compris sa place dans cette histoire.
Hana, bien qu’un peu « cinglée » sur les bords, m’a semblé lisse, fade… sans intérêt.
Le patient anglais qui donne son titre à l’ouvrage a certes l’histoire la plus développée mais à quasi aucun moment elle ne m’a tenue en haleine.
Le seul personnage un brin « humain » et attachant est le jeune démineur Kip. C’est sans doute cette figure qui a sauvé ma lecture.
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Je suis vraiment déçue. Avec un contexte de fin de guerre, en « huis clos », avec quatre personnalités qui semblaient avoir du potentiel, je m’attendais à une très belle lecture. Et bien non.
Je retiens tout de même quelques passages assez beaux et « poétiques », mais c’est vraiment très rares et ne suffit pas à sauver cette lecture.
Heureusement que je ne lis quasi jamais les livres récompensés (celui-ci a obtenu le Booker Prize en 1992), car j’ai toujours l’impression de passer à côté et d’être une grosse inculte incapable de saisir la beauté d’un texte qui a su séduire un jury de professionnels…
Peut-être que l’adaptation me fera découvrir cette œuvre sous un angle nouveau… Du moins, espérons !
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Les Petits [ + ] : Le personnage de Kip, le seul que je retiens. Quelques beaux passages, au niveau de la pume, mais c’est trop rare pour remonter mon avis général.
Les Petits [ - ] : Je me demande encore quel est le « but » de ce livre, je crois que je suis complètement passée à côté, et je n’ai même pas saisi la fin ! Les personnages et leurs histoires n’ont pas su m’intéresser. J’ai trouvé ça long, interminable même ! Et je me suis souvent perdue dans les passages de la narration du « présent » aux souvenirs des figures… Une énorme déception !


Robert des noms propres de Amélie NOTHOMB

Jeudi 24 février 2011 à 16:51

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Robert des noms propres

de Amélie NOTHOMB

(Challenge ABC 2011 - 7/26)
Le Livre de Poche,
2007, p. 190

Première Publication : 2002


Pour l'acheter : Robert des noms propres




Amélie Nothomb, née le 13 août 1967,
est une écrivain belge de langue française.


Depuis 1992, elle publie chez Albin Michel un livre par an soit dix-neuf romans à ce jour. Avec une régularité notoire : "Tous les ans, à la rentrée, il y a deux événements majeurs : les vendanges et la sortie du Nothomb. Cette année, le raisin est en avance, mais l'Amélie est à l'heure". Ses écrits sont traduits dans trente-sept langues à travers le monde.

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http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Majuscules/Prouge.jpgour un écrivain, il n'est pas de plus grande tentation que d'écrire la biographie de son assassin.
Robert des noms propres : un titre de dictionnaire pour évoquer tous les noms qu'aura dits ma meurtrière avant de prononcer ma sentence.
C'est la vie de celle qui me donne la mort.



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http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Majuscules/Jrouge.jpge continue doucement mais surement ma découverte d’Amélie Nothomb (à raison d’au moins un livre par an depuis presque vingt ans, j’ai encore de quoi faire !). Dès que je tombe sur un de ses titres, j’hésite longuement à me lancer, me demandant si cette fois encore je vais détester ou si une nouvelle fois je vais « adhérer » à son histoire…
Heureusement, les livres d’Amélie Nothomb ont l’avantage d’être courts donc au moins, si on n’aime pas, la torture ne dure pas indéfiniment (je suis incapable d’arrêter la lecture d’un livre, même si je ne l’aime pas… maniaquerie ou masochisme, je n’en sais rien mais c’est ainsi !). J’ai inclus Robert des noms propres dans mon Challenge ABC 2011, une bonne raison de me motiver à le lire…
Sans avoir été transportée, j’ai trouvé cette lecture plutôt sympa dans l’ensemble et même si la fin m’a semblé un peu précipitée, ça ne m’a pas trop choquée… Quatre titres de la dame lus dont trois qui ont réussi à me convaincre (ou presque)… deviendrais-je une adepte d’Amélie Nothomb ?
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Plectrude ne possède pas que le nom d’une héroïne tragique. Née dans des conditions bien loin de la normale (sa mère a accouché en prison après avoir tué son père, a insisté pour que sa fille soit baptisée ainsi puis, s’est pendue dans sa cellule), sa vie ne peut qu’être à l’image de sa naissance : hors du commun.
Recueillie par la sœur de sa mère et son mari, l’enfant grandit entourée de deux sœurs « normales », d’un père un peu trop lâche et d’une mère qui l’idolâtre et la pousse à toutes les fantaisies.
Avec son regard pénétrant et inquiétant, Plectrude est détestée à l’école mais vénérée pendant son cours de danse. « Elle a le regard d’une danseuse », ne cessent de répéter ses professeurs successifs. Et bien soit, la petite fille sera danseuse. Plus rien ne compte dans sa vie hormis la danse. Peu importe l’école et même la nourriture, l’important c’est que sa vie ressemble à un ballet dont elle serait la danseuse soliste…
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http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Divers2/robertdesnomspropresbis.jpgAvec le visionnage de Black Swan au cinéma, on peut dire que ma semaine dernière était placée sous le signe de la danse classique à haut niveau ! Entre les deux supports, une réalité : la rigueur imposée et la perfection qu’il faut atteindre pour oser espérer devenir une grande danseuse classique… Un livre, un film : deux histoires illustrant l’autodestruction.
Ai-je vraiment aimé Robert des noms propres ? Franchement, je n’arrive pas à me prononcer. Je pense que j’ai apprécié le thème principal, mais comme d’habitude avec Amélie Nothomb, je me demande où elle va chercher des idées pareilles ! La scène du bonhomme de neige, par exemple. Plectrude s’allonge sur le sol, joue les gisantes en attendant que la neige la recouvre entièrement et passe à deux doigts de la mort ; préférant attendre que son amie la sauve plutôt que de se sauver soi-même… car évidemment, il faut que la vie de la petite fille ait ce côté « théâtral » et tragique, sinon elle ne vaut pas la peine d’être vécue.
L’idée de fond est bonne et intéressante mais reste hyper dérangeante et limite « malsaine ». Et c’est un peu comme ça, à chaque fois, que je ressens les écrits d’Amélie Nothomb… et je ne sais jamais quels ressentis mettre là-dessus !
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Au niveau de la plume de l’auteure, il n’y a pas de difficultés particulières, si ce n’est quelques références « culturelles » qu’il vaut mieux connaître pour comprendre (ce qui n’est pas toujours mon cas et ce qui m’amène à la conclusion que j’ai des lacunes dans un paquet de domaine ! Il va falloir que je lise encore plus !).
Si je ne m’extasie pas particulièrement devant le style de l’auteure, j’apprécie tout de même l’ironie qu’on trouve dans certains passages. L’ironie et l’humour presque noir, ça me parle.
Et, comme dit plus haut, chaque roman n’excède pas les 200 pages. Celui-ci ne fait pas exception à la règle et je l’ai dévoré en moins de deux heures.
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En bref, un texte dérangeant mais qui n’en reste pas moins intéressant. Je reste prudente en ce qui concerne Amélie Nothomb et ne parvient pas encore à décider si ses écrits me plaisent ou non. En tout cas, j’ai bien envie de continuer ma découverte, c’est déjà un bon point !


Les Petits [ + ] : Le thème de la danse, de la vie à la façon d’une grande pièce de théâtre ou d’un ballet… C’est toujours original avec Amélie Nothomb, où va-t-elle chercher tout ça ? Ironie et humour noir, ça me plaît. C’est court et lu vraiment très rapidement, sans problèmes !
Les Petits [ - ] : Comme d’habitude, c’est dérangeant, limite malsain ; je n’arrive pas à dire si j’aime ou non. Ne vous fiez pas à la quatrième de couverture qui ne concerne que les deux dernières pages du texte !


La Mécanique du coeur de Mathias MALZIEU

Vendredi 7 janvier 2011 à 21:59

http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Livres/mecaniqueducoeur.jpghttp://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Divers2/coupdecoeur.gif
La Mécanique du coeur

de Mathias MALZIEU

J'ai lu,
2009, p. 157

Première Publication : 2007

Pour l'acheter : La mécanique du coeur



Mathias Malzieu est le chanteur du groupe
de rock français Dionysos et
un écrivain français né le 16 avril 1974


> L'Album inspiré <



- Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi -

 


http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Habillage/Quatriemedecouverture.jpg
http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Majuscules/Enoir.jpgdimbourg, 1874 : le jour le plus froid du monde. Lorsque Jack naît, son cœur gelé se brise immédiatement. La sage-femme le remplace par une horloge et le sauve. Depuis lors, il doit prendre soin d'en remonter chaque matin le mécanisme. Mais gare aux passions ! Le regard de braise d'une petite chanteuse andalouse va mettre le cœur de Jack à rude épreuve...




http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Habillage/Monavis.jpg
http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Majuscules2/Irouge.jpgl y a quelques mois déjà, j’ai découvert la plume et l’univers de Mathias Malzieu grâce à Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi, son premier roman, autobiographique. J’étais sortie de cette lecture mitigée et n’en garde, aujourd’hui, plus beaucoup de souvenirs.
En parcourant différentes pages internet, j’ai cru comprendre que La Mécanique du cœur avait beaucoup de succès et avait charmé la plupart de ses lecteurs. Un titre, une illustration de couverture et une affiliation à Tim Burton plus tard… me voilà à mon tour conquise par ce petit conte noir. Petit coup de cœur pour ce second roman de Mathias Malzieu, et j’espère qu’il y en aura d’autres !
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Mise au monde par une mère qui ne le désirait pas, le jour le plus froid de l’année, à Edimbourg ; le cœur du petit Jack gèle et se brise. Heureusement, la sage-femme - en mal d’enfants - le recueille, remplace son cœur mort par une horloge et l’élève comme son propre fils. Little Jack grandit entouré de cette femme aimante - Madeleine -, d’Arthur à la colonne vertébrale grinçante, de deux prostituées un peu défraichies - Anna et Luna - et d’un hamster naïvement baptisé Cunnilingus ! Le petit garçon doit remonter son horloge chaque matin et doit éviter tous les chocs, toutes les passions. Le Docteur Madeleine tente de le préserver mais finit par céder, le jour du dixième anniversaire du garçon : elle le conduit, pour la première fois, en ville. Là, son cœur s’affole au son de la voix d’une petite chanteuse espagnole qui se cogne partout une fois son numéro terminé, car elle est myope comme une taupe ! Madeleine tente de faire oublier ce coup de foudre à son garçon bien aimé… en vain ! Jack s’inscrit à l’école, convaincu d’y retrouver sa petite chanteuse, mais la seule rencontre qu’il fait dans la cours de récréation, c’est celle de Joe, caïd qui fait régner la loi. Ennemis jurés amoureux de la même fille, les deux garçons s’affrontent pendant des années, jusqu’au geste accidentel de Jack. Celui-ci doit fuir, il part en Espagne sur les traces de sa chanteuse andalouse…
Ce qui m’a plu, au départ, c’est l’ambiance, le contexte : très sombre, presque « gothique ». Qu’on compare Mathias Malzieu à Tim Burton, je le comprends tout à fait dorénavant, et je l’approuve. L’histoire prend racine à Edimbourg, en Ecosse, à la fin du XIXème siècle (en 1874 exactement). Quand je lis Ecosse et fin du XIXème siècle, c’est toute une imagerie, un style, un univers qui naissent dans ma tête ! Je pense immédiatement à Poe et ses Histoires extraordinaires, à Stoker et son Dracula… ou encore à Sleepy Hollow de Tim Burton ! Bref, mélangez un peu tout ça, et vous voyez un peu l’ambiance, les teintes grises et tout ce qui va avec ! Plus tard, lorsque Jack retrouve sa petite chanteuse dans une fête foraine nommée l’Extraordinarium, on n’est pas très loin d’un univers à l’Imaginarium du Docteur Parnassus ! Si vous aimez Tim Burton, Terry Gilliam et le côté XIXème siècle sombre, il y a de grandes chances que vous soyez emballés !
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http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Divers2/0210cliptaistoimoncoeur320flv.jpgOutre l’univers qui me parle et l’histoire sympathique, ce sont surtout les personnages qui m’ont séduite, à commencer par Little Jack ! Ce petit gamin qui tombe amoureux, devient adolescent, connait les affres de l’amour, découvre la passion, la jalousie et qui finit par grandir, après toutes ces épreuves… J’ai trouvé ce héros très juste, très touchant et encore une fois, très proche d’un héros burtonien (Edward aux mains d’argent, par exemple). Différent, rejeté par tous et pourtant profondément bon, il est simplement à la recherche d’une personne qui pourrait l’aimer tel qu’il est. Madeleine a ce côté inventeur / Pygmalion qui perd le contrôle de sa créature, un peu à la Frankenstein. Miss Acacia, la petite chanteuse andalouse, a elle aussi son « infirmité » (elle ne voit rien sans lunettes), mais, au contraire de Jack, je n’ai pas du tout réussi à m’attacher à elle ; elle m’aurait presque, au contraire, agacée ! D’autres personnages secondaires évoluent et gravitent autour du héros. Chacun a sa place, chacun a sa fonction.
En ce qui concerne l’histoire en elle-même, je l’ai trouvée percutante, poétique, poignante. Une quête amoureuse qui se transforme en roman d’apprentissage, finalement.
Enfin, venons-en au gros point fort de ce petit conte : la plume de Mathias Malzieu. J’ai trouvé l’ensemble très poétique et délicat sans être nian-nian ou cucul la praline. Il faut avouer que les textes poétiques (et la poésie), ne font pas partie des œuvres que j’apprécie de lire, souvent à cause de toute la niaiserie dégoulinante qui les entourent ; mais ce n’est absolument pas le cas ici ! J’ai au contraire aimé les nombreuses métaphores (et il y en a ; à commencer par le titre !) et toutes les images que nous offre l’auteur ; c’est vraiment très beau, tout simplement. Cependant, je peux parfaitement comprendre que le style et les images véhiculées ne soient pas des plus abordables et donc pas du gout de tous ; mais encore une fois, si vous n’aimez pas les œuvres citées précédemment en références, inutile de vous attarder sur ce roman de Mathias Malzieu. Pour les autres, vous risquez de dévorer ces 157 pages à la vitesse de la lumière ; mais ne vous ne privez pas, ce serait dommage de passer à côté !
Voilà un petit exemple, il s’agit de « l’introduction », assez représentative non seulement de la plume poétique de Mathias Malzieu, mais également du thème et par extension, de l’univers un peu romantico-macabre de ce conte : « Premièrement, ne touche pas à tes aiguilles. Deuxièmement, maîtrise ta colère. Troisièmement, ne te laisse jamais, au grand jamais, tomber amoureux. Car alors pour toujours à l'horloge de ton coeur la grande aiguille des heures transpercera ta peau, tes os imploseront, et la mécanique de ton coeur sera brisée de nouveau. »
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Je n'ai pas encore pris le temps d'écouter correctement l'album de Dionysos, inspiré de ce roman ; mais un de ces jours, je me pencherai sérieusement dessus !
Il semblerait qu’une adaptation sous forme de film d’animation voit bientôt le jour ; en tout cas, Luc Besson a acheté les droits. Il me tarde d’en savoir plus et de voir ça !
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Alors que je commençais à rédiger ce billet pendant une petite pause dans le lycée où je travaille depuis la rentrée ; un élève est entré, a vu le livre, a lu les premières pages et m’a demandé si je pouvais lui prêter. Je ne sais pas si je reverrai mon bouquin un jour, mais s’il peut permettre à un lycéen de découvrir la joie de la lecture alors qu’il n’aime habituellement pas lire, ce ne sera pas perdu pour tout le monde ! Je vous tiens au courant de ses impressions, si j’ai un retour un jour !
 
 

Les Petits [ + ] : Un conte romantico-macabre, une quête amoureuse, un roman d’apprentissage… Un personnage principal qui a su me toucher par son côté solitaire, différent ; l’histoire de Jack est très émouvante. Une atmosphère, un univers particulier qui entre parfaitement dans mes goûts : un peu de Burton, un peu du XIXème siècle dans son côté sombre... Une plume très poétique (sans être nian-nian) avec de jolies métaphores, de belles images. Ni trop court, ni trop long ; c’est tout juste ce qu’il faut pour que la lecture soit très agréable !
Les Petits [ - ] :
Miss Acacia, l’autre personnage principal de ce petit conte, n’a pas réussi à me séduire ; j’ai même plusieurs fois, eu envie de la détester ! Un univers et une plume qui ne parleront pas à tout le monde, mais c’est ce qui fait la particularité de ce roman !


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