A l'abri de rien de Olivier ADAM

Mercredi 17 février 2010 à 21:15

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A l'abri de rien
de Olivier ADAM

(Objectif PAL - 2/123)
Editions de l'Olivier,
2007, p. 219

Première Publication : 2007


Pour l'acheter : A l'abri de rien




Olivier Adam est un écrivain français né le 12 juillet 1974.
Il a grandi en région parisienne et vit maintenant en Bretagne.
Il a participé à la création du festival littéraire les
correspondances de Manosque. Il est actuellement édité
par les Éditions de l'Olivier et aux éditions L'École des loisirs pour ses œuvres pour la jeunesse.





 
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http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Majuscules2/Mbleugrisclair.jpgarie se sent perdue. Son mari, ses enfants sont le dernier fil qui la relie à la vie.
Ce fragile équilibre est bouleversé le jour où elle rencontre les "Kosovars", ces réfugiés dont nul ne se soucie et qui errent, abandonnés, aux confins de la ville.
Négligeant sa famille, Marie décide de leur porter secours. Et de tout leur donner : nourriture, vêtements, temps, argent, elle ne garde rien pour elle. Entraînée par une force irrésistible, elle s'expose à tous les dangers, y compris celui d'y laisser sa peau.




http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Habillage/Monavis.jpghttp://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Majuscules/Jnoir.jpg’ai reçu ce livre en cadeau, lors d’un jeu concours (pour une fois que je gagne quelque chose !) il y a bien trois ans maintenant, et jusqu’alors, je ne m’étais jamais décidée à le lire. La littérature contemporaine n’est pas de celles que je préfère, et le sujet ne me parlait pas plus que ça. Avec le défi lancé concernant nos PAL, je me suis dit que c’était l’occasion où jamais d’ouvrir enfin ce petit roman et que si je ne le faisais pas maintenant, je ne le ferais jamais. J’ai pris mon courage à deux mains, et je me suis lancée la tête la première dans cette histoire déprimante à souhait ! Après quelques jours de décantation, je ne sais toujours pas si j’ai apprécié ce livre. Il y a des choses positives, comme la force des émotions ressenties, mais également des choses négatives, et là, je pointe du doigt l’héroïne qui m’a insupportée pendant les quelques 220 pages de récit… Bref. Bilan mitigé.

Marie, la trentaine, vit dans la petite banlieue d’une ville côtière du Nord de la France, avec son mari – Stéphane – et ses deux enfants – Lucas et Lise. Ses journées sont mornes, monotones. Elle n’a plus goût à rien et ne prend même plus la peine de s’occuper de son intérieur. Quelque chose s’est brisée en elle et elle doit dorénavant faire face à la triste réalité de la vie : une routine étouffante, un salaire de misère pour une vie minable. Elle perd pied petit à petit, mais, elle rencontre un jour un jeune immigré qui l’aide à changer sa roue crevée alors qu’il pleut à verse dans la nuit froide. Le lendemain, honteuse de n’avoir rien offert en remerciement au jeune homme, elle se rend sous la tente de fortune qui accueille les immigrés en leur offrant un repas chaud. Elle entre alors, de plein fouet, dans une autre réalité. Ils sont des dizaines, des centaines dehors, dans la rue, ces « Kosovars » dont personne ne veut, qui cherchent à tout prix à passer clandestinement en Angleterre pour rejoindre femme et enfants, ou tout simplement pour courir après l’espoir. Marie trouve un nouveau sens à sa vie, elle leur vient en aide ; mais bien vite, la force de ses sentiments la rattrape, et c’est la descente aux enfers…
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http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Auteurs/olivieradam.jpgL’intrigue se déroule sur quelques semaines à peine, dans les années 2000 ; le contexte « historique », très proche de nous, invite plus facilement à l’émotion. On découvre tout d’abord Marie dans son environnement habituel, sa maison de banlieue dans une petit ville côtière du Nord, puis on la suit lors de ses déplacements : quand elle va chercher son fils à son cours de tennis, lorsqu’elle rencontre Jallal (l’immigré) en pleine nuit, sous une pluie battante ; puis lors de ces soirées où elle aide Isabelle (une bénévole) à cacher pour une nuit, quelques immigrés dans sa propre maison et enfin, jusqu’à ses courses en pleine forêt vers un lieu de recueillement, pour oublier…
A travers cette histoire et ce contexte particulier, Olivier Adam met en scène des thèmes forts qui nous concernent tous : la vie active, la vie de couple et la routine que le tout engendre ; la nature humaine (et notamment la réaction des gens face à ce qu’ils ne connaissent pas et face aux étrangers), et évidemment, le phénomène d’immigration. Bien que ces différents thèmes ne soient pas de ceux que j’apprécie habituellement, les retrouver dans cette histoire ne m’a pas gênée et j’ai trouvé le tout bien amené et en « symbiose ». Le gros plus de ce livre réside dans la force des émotions qui se dégage à la lecture. On sombre petit à petit avec l’héroïne dans la dépression et dans la folie ; impossible de prendre assez de recul pour y échapper. On ressort de ces 220 pages ravagés et très mal à l’aise. N’étant pas dans une grande forme, cette lecture m’a achevée ; je pense donc qu’il vaut mieux se lancer lorsque l’on a le moral au beau fixe. Cependant, j’ai une objection à apporter. L’histoire est certes pleine d’émotions et l’héroïne en devient attachante ; mais, assez paradoxalement, même si elle m’a émue à plusieurs reprises, Marie a aussi eu le don de m’agacer sérieusement. J’ai compris sa détresse et sa descente vers la dépression et la folie, mais je ne la cautionne pas. Je suis plutôt tolérante dans l’ensemble, mais ce que je ne supporte pas dans la nature humaine, c’est la faiblesse. Il y a des moments, même quand ça ne va pas, où il faut se relever et combattre ; la vie est difficile, oui ; les rêves ne se réalisent pratiquement jamais et le monde est dur ; mais ce n’est pas une raison pour sombrer. Je n’ai pas supporté le comportement de cette mère de famille qui délaisse son mari, ses enfants (qui oublie même l’anniversaire de sa fille et qui vide toute la maison de ses objets pour aller les donner aux immigrés) et qui ne pense plus qu’à cette idée fixe : les « Kosovars ». Certes, je suis jeune. La vie de couple et la vie de mère de famille, je ne connais pas ; mais en arriver à ce point-là, ça ne m’arrivera pas, ou alors, autant se tirer une balle dans la tête immédiatement. Combien de fois j’ai eu envie de secouer Marie et de lui dire : « Bon sang ma fille, ouvre les yeux ! Tire-toi une balle ou reprends-toi, mais cesse de faire du mal autour de toi ! ». C’est violent, n’est-ce pas ? Mais le livre est violent ; peu importe les sentiments qu’on éprouve, on ne peut pas passer à côté de ce côté dévastateur…
Et ce qui fait toute la violence des sentiments éprouvés à cette lecture, c’est l’utilisation de la première personne du singulier, tout au long de ce court roman (220 pages, à peine). Grâce au « je » employé par Olivier Adam et qui désigne Marie, la narratrice unique, on ne peut que se mettre à la place de la jeune femme. On voit tout par à travers ses yeux et on suit le moindre de ses mouvements et la moindre de ses réflexions. Oui, on se met à sa place et oui on est proche d’elle, mais encore une fois, j’ai été révoltée par son comportement et à partir d’un moment, je me suis décrochée légèrement de l’héroïne, car si j’avais été à sa place, l’histoire aurait été toute autre (enfin, je crois ; et j’espère).
Bref, comme vous pouvez le constater, un avis mitigé, et quelque peu embrouillé. Même après les quelques jours de décantation et même après la rédaction de ce billet, de toute façon, je suis moi-même encore embrouillée alors… Je ne sais pas si je me lancerai à nouveau dans un livre de Olivier Adam. Peut-être, si l’occasion se présente ; mais je ne courrai pas après…



Les Petits [+] : Un contexte contemporain qui nous rapproche plus facilement de l’histoire. Une narration à la première personne du singulier qui nous entraîne à la suite de l’héroïne, sans qu’on puisse se dérober. Des thèmes d’actualité forts qui nous font éprouver des émotions très intenses et nous laissent, « ravagés ». Qu’on aime ou non, on ne sort pas indemne de cette histoire.
Les Petits [-] : L’héroïne qui m’a insupportée par son comportement, même si je peux comprendre son histoire. Une histoire déprimante, à ne pas lire lorsque le moral est déjà bas ; sinon, vous sombrez avec Marie



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