pour l'aventurier
de Guillaume B. DECHERF
(Summer PAL Challenge - 16/25)
Editions Premium,
2010, p. 191
Première Publication : 2010
Diplômé de l'ESJ-Lille en 1999, spécialiste culture, Guillaume B.DECHERF vit à Paris où il a écrit pour Libération, Zurban, Elle ou le Journal du Dimanche avant de devenir co-red chef d'Hard Rock Magazine en 2005-2006. Aujourd'hui, il collabore régulièrement aux Inrockuptibles, Metro et Géo Ado.
Indochine est un groupe de rock français, issu du courant new wave, formé en 1981. Il a connu un succès relativement important dans les années 1980, en France mais aussi dans le reste de l’Europe et dans la Francophonie, avec des titres comme L’Aventurier, 3e sexe ou Canary Bay.
Après un désintérêt manifeste des médias pour Indochine dans les années 1990, celui-ci retrouve le succès en 2002, avec la sortie de l'album Paradize dont est issu le single J'ai demandé à la Lune. Indochine aurait vendu (albums, singles et compilations compris) plus de dix millions de disques, ce qui en fait le groupe français le plus vendeur.
oup de coeur, jalousie, passion, indifférence, drame, triomphe : Indochine a tout connu... Le 26 juin 2010, il est le premier groupe français à remplir le Stade de France. Pourtant en signant avec l'Aventurier le tube de l'été 83, le groupe est loin de se douter de sa longévité. Mais le quatuor banlieusard formé de Nicola, Stéphane, Dominique et Dimitri devient l'emblème rock des années 80. Même l'étranger leur ouvre ses portes. Leur nom est sur toutes les lèvres, leur look copié, leurs ennemis nombreux...
Au tournant des années 90, Indo passe de mode. Seuls restent les fans convaincus. Mais le groupe persévère : la scène est sa force ! Et rien n'arrêtera Nicola Sirkis, éternel Peter Pan de la pop. Ni le départ de Dominique Nicolas, le compositeur en 1994, ni le décès tragique de son jumeau Stéphane en 1999. Tel un phénix rock, le chanteur, unique rescapé des débuts, s'est toujours nourri de l'adversité pour faire renaître son groupe de ses cendres.
L'histoire d'Indochine, c'est aussi le flair d'un homme qui a toujours su surfer sur les courants musicaux en vogue. Parfois avec éclat, parfois sans un écho. Aujourd'hui, son groupe rassemble trois générations de fans, un phénomène unique dans les annales du rock français.
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Le « témoignage » débute très tôt dans le temps puisque les deux premières pages sont dédiés aux différents aïeux des membres du groupe, qui, pratiquement tous ont des ancêtres étrangers (russes pour Dimitri Bodianski et moldaves pour les deux frères Sirkis). Au fil des pages, on avance dans le temps et on découvre l’histoire du groupe, de sa formation aux départs des membres, en passant par la mort de Stéphane, jusqu’à la date fatidique du 26 Juin 2010. La vie n’a pas toujours été facile pour le groupe et ses membres, entre des soucis dans leur vie privée et ceux liés à la célébrité… Mais chaque épreuve apport son lot de consolations et Indochine a su puiser dans celles-ci pour avancer, progresser, évoluer… jusqu’au groupe qu’on connaît maintenant et qui a réussi à réunir 80 000 personnes au Stade de France en juin dernier. Je peux en témoigner, j’y étais (ma place achetée plus d’un an et demi auparavant !)… Guillaume B. Decherf met bout à bout les diverses étapes de la vie du groupe, qu’elles soient « bonnes » ou « mauvaises », n’en laissant de côté aucune. C’est ainsi qu’il revient sur le fameux épisode du sketch des Inconnus : la célèbre chanson Isabelle a les yeux bleus, qui a marqué le groupe à jamais… mais aussi sur la fulgurante remontée d’Indochine grâce à l’album Paradize qui a été vendu à plus d’un million d’exemplaires (et un plus d’un million de singles J’ai demandé à la lune, en plus). Le journaliste revient aussi à plusieurs reprises sur les critiques faites au groupe, notamment au chanteur - Nicola - qui, depuis le début, est reconnu coupable de ne pas « chanter juste ». J’aime particulièrement un des paragraphes destinés à cette critique, qui explique parfaitement ce que je ressens, en tant que fan : « Et il y a encore ses tics vocaux, sa voix pas toujours juste… Mais l’enthousiasme dont il fait preuve à la scène compensera toujours cette tessiture limitée. Nicola Sirkis n’est pas un vocaliste très technique, pas plus que Bernie de Trust ou Jean Louis Aubert de Téléphone, ses contemporains. Mais comme eux, il a su créer un univers, donner une aura à ses morceaux et créer un climat d’empathie autour du groupe. Les fans en tout cas aiment aussi Indochine pour ce côté pas lisse, pas parfait, ces approximations textuelles et vocales à même de les rassurer. Le fan qui tente de monter un groupe dans sa cave voit grâce à Indochine que pour faire passer une émotion, le cœur et les tripes comptent plus qu’une maestria vocale irréprochable. » (pp. 44-45).
Ce qui est intéressant ici, c’est que l’auteur est un journaliste musical, il ne prend donc pas partie, ou du moins essaye. Ainsi, les « faits » sont exposés assez objectivement et chacun peut se forger sa propre idée ; contrairement au texte de Christophe Sirkis - Starmustang - qui lui, a vraiment pour vocation de démolir le leader du groupe. Et comme l’auteur, avant d’être un biographe, est avant tout un journaliste musical, son texte est parsemé de références. Et alors là, je prends un papier et un stylo, parce que, curieuse comme je suis, j’ai diablement envie de découvrir quels étaient les groupes à la mode dans les années 80 (ceux moins connus que Téléphone ou Trust, j’entends), ceux que les membres du groupe appréciaient (ou apprécient encore) et qui ont marqué leurs façons d’être de penser… Par exemple, chose toute bête : je connais Patti Smith depuis plusieurs années maintenant (mes parents écoutaient ça dans leur jeunesse), mais en lisant que les frères Sirkis étaient allés la voir plusieurs fois en concert durant leur jeunesse et qu’ils la considéraient comme un modèle, j’ai eu envie d’approfondir un peu. Résultat, j’écoute en boucle, depuis quelques jours, un « best-of » de la Dame, et j’ai découvert beaucoup de morceaux que je ne connaissais pas ! Le procédé peut faire sourire, car n’est pas sans rappeler ces fans hystériques qui veulent tout savoir sur leurs idoles pour les copier… mais si ça me permet de découvrir des groupes qui me plaisent, je suis prête à prendre le risque de passer pour une fan stupide ! Surtout que je n’oublie pas que, grâce au groupe qui a toujours utilisé des références littéraires et cinématographiques dans ses chansons, j’ai découvert beaucoup de choses vers lesquelles je ne serais peut-être pas aller par moi-même lorsque j’avais 13 ou 14 ans : L’Attrape-cœurs de Salinger par exemple (cf le morceau Des fleurs pour Salinger, en hommage à l’auteur), L’Amant de Duras (Duras est pour beaucoup dans le choix du nom du groupe et dans des chansons comme Trois nuits par semaine)… Bref, quoi qu’en disent les détracteurs (et ils sont nombreux !), Indochine apporte bien plus que de la pop-rock française avec un leader à la voix tremblante…
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Pour en revenir au texte, le côté journalistique de l’auteur a beau avoir la qualité des références, il a aussi les gros défauts de la syntaxe. Guillaume B. Decherf n’est pas un grand écrivain, loin de là ! Les phrases sont souvent maladroites, parfois d’une longueur alarmante (et pourtant, la longueur, j’aime ça…) et plusieurs fois j’ai du reprendre quelques lignes plus haut, pour bien comprendre. Exemple tout bête mais assez révélateur : Nicola Sirkis est accompagné de Dominique Nicolas, qui sera le compositeur et guitariste des premières années ; Guillaume Decherf utilise tour à tour « Nicola » et « Nicolas », le premier pour parler du chanteur, le second du compositeur, il me semble. Mais c’est loin d’être clair ! Seul le -S fait la différence entre les deux, alors, il suffit d’une faute de frappe (et elles sont nombreuses !) pour qu’une phrase ne concerne pas la bonne personne… Dommage, dommage. De plus, et je viens de le noter, les fautes en tout genre sont très (trop) présentes et particulièrement désagréables ; personnellement, ça me pique les yeux ! Les éditions Premium sont peut-être (je ne sais pas) une maison toute jeune, mais, là où je peux pardonner quelques fautes de frappe par-ci par-là (ça arrive à tout le monde !), quand c’est trop, c’est trop ! Exemple probant (dans les toutes dernières lignes du texte, on a l’impression que la correction a été bâclée à la fin…) : « A moins qu’il ne choisisse de se rappeler du Chanteur, ce tube de que le regretté Daniel Balavoine que le regretté aurait pu écrire pour lui […] ». Promis, j’ai recopié exactement ce qu’il y a dans mon livre, je n’ai rien ajouté ou enlevé ! Bon, j’allège un peu la critique, ce cas-là est unique et n’apparaît pas dans les pages précédentes qui se contentent de quelques fautes d’orthographe, de mots en double et d’oublis de ponctuation ou majuscules… Petite maison d’édition ou pas, c’est tout de même un peu gros !
Je remercie finalement ma Maman chérie pour ce cadeau, intéressant pour ma « culture » personnelle (j’ai fait des découvertes musicales intéressantes, et des découvertes « people » assez… « bluffantes »… vous saviez que Nicola était papa une deuxième fois ?) et qui met en joie la groupie qui est en moi ! Un livre, donc, qui ne ravira sans doute que les fans. Si vous avez envie d’en savoir plus sur l’histoire du groupe - sans le côté « people » -, je suis sûre que vous pourrez trouver des ouvrages plus « adaptés », notamment avec des photos. Celles-ci manquent cruellement dans le présent livre car, mise à part l’illustration de couverture (d’ailleurs, soit dit en passant, il existe un paquet de photos de Nicola plus « attractives »…), c’est zéro, nada. Ce n’était sans doute pas le but de cette « biographie », mais bon, une petite image par-ci par-là, ça fait toujours plaisir aux fans…
Sur ce, je vais me replonger dans un DVD live du groupe ou dans un des nombreux albums, ça met toujours de bonne humeur et c’est bon pour entretenir les souvenirs !
Les Petits [ + ] : L’auteur est un journaliste musical, il nous fait donc part de nombreuses références sur le sujet, c’est très enrichissant pour notre culture ! De nouveau grâce à son statut de journaliste, le texte se veut le plus « objectif » possible, les faits sont donc relatés sans prise de partie (ou presque). Les chapitres sont courts, c’est donc très rapide à lire. Pour les fans en priorité, ça fait toujours du bien de se replonger dans l’histoire du groupe !
Les Petits [ - ] : Une plume maladroite, Guillaume B. Decherf est journaliste avant d’être écrivain. Des fautes en très (trop) grand nombre, ce qui a souvent gâché ma lecture ! Un gros manque d’illustrations…