
La Bouche pleine de mots
de Camilla GIBB
(Objectif PAL - 9/123
Défi En Attendant Noël - 258/220)
France Loisirs (Piment),
2003, p. 254
Première Publication : 1999
de Camilla GIBB
(Objectif PAL - 9/123
Défi En Attendant Noël - 258/220)
France Loisirs (Piment),
2003, p. 254
Première Publication : 1999
Camilla Gibb est une auteure canadienne diplômée
en anthropologie. La Bouche pleine de mots
(Mouthing the Words) est son premier roman.
D'Autres Livres de Camilla GIBB :
- Les Détails insignifiants d'une vie sans éclat -
en anthropologie. La Bouche pleine de mots
(Mouthing the Words) est son premier roman.
D'Autres Livres de Camilla GIBB :
- Les Détails insignifiants d'une vie sans éclat -
- Le Miel d'Harar -




Thelma voit le jour en 1968. Dès sa naissance, sa mère met une barrière entre elle alors que son père semble au contraire, un peu trop proche… Les années passent, ses parents se déchirent, sa mère ferme les yeux sur tout ce qui l’entoure, Thelma subit les jeux pervers de son géniteur. Un petit frère - Willy - vient édulcoré la vie du côté maternel, mais ne change pas grand-chose pour les deux autres. Thelma se réfugie dans un monde parallèle, évoluant avec plusieurs amies imaginaires qui la protègent et l’aident à « survivre ». Après quelques crises à l’école, le père, pour éviter un scandale, déménage et le reste de la famille ne tarde pas à le rejoindre au Canada où la vie semble beaucoup plus débridée… Un couple de voisins hippies qui les accueille complètement nu et deux fillettes imaginatives, voilà le nouvel univers de la petite Thelma. Le couple formé par ses parents implose finalement, la petite fille subit les nouveaux amis de sa mère, est contrainte de voyager - avec son petit frère - avec un routier inconnu pour rejoindre son père dans un snack en ruines pour passer Noël… Thelma grandit tant bien que mal, inévitablement traumatisée par les évènements de son enfance, par un environnement sale et dépravé… Suite à l’inceste et au viol, elle doit faire face à une schizophrénie chronique et à une anorexie de plus en plus poussée. Thelma ne veut pas devenir une femme, ne veut pas grandir, ne veut pas avoir ses premières règles… alors pour ça, elle s’affame, ne garde que la peau sur les os… elle voudrait se transformer définitivement en pierre…
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Le livre n’est pas très épais (et heureusement), car je crois que je n’aurais pas supporté cette sensation de malaise sur plus de pages ! C’est dur, oppressant, dérangeant, démoralisant… et j’en suis arrivée à me dire : « Non, ce n’est pas possible, des vies comme celles-ci, ça ne peut pas exister ! Une famille pareille, un environnement comme celui-ci… Non, c’est trop horrible pour que ça puisse arriver ! ». On suit vraiment la descente aux enfers de Thelma, on est dans sa tête, on sait tout ce qu’elle ressent, tout ce qu’elle pense. « La Bouche pleine de mots »… oui. Thelma a besoin de « vomir » ces mots et franchement, pendant cette lecture, j’aurais bien eu envie de vomir moi aussi… L’inceste, les viols à répétition (pendant ses années à l’université par exemple), l’anorexie, les passages dans les hôpitaux psychiatriques, la schizophrénie (Thelma a des amies imaginaires, notamment une - Héroïne - qui va travailler à sa place dans les dernières années…)… fiou… C’est vraiment trop pour moi. Je suis trop sensible, trop émotive, lire de tels « témoignages », je vous jure, ça me mine ! Alors non, je n’ai pas vraiment aimé pour cette raison, mais à côté de ça, la lecture a « fonctionné » sur moi, puisqu’elle m’a mise très mal à l’aise ; de ce point de vue là, c’est une réussite de la part de l’auteur. Cependant, même si j’ai plaint Thelma tout au long de cette histoire, on ne peut pas non plus dire que je me sois beaucoup attachée à elle. Elle m’a émue parfois, mais pas tant que ça finalement. J’ai espéré qu’elle se sorte de cet enfer, à la fin, mais en fait, son destin ne m’importait pas tellement. Très paradoxal cette lecture !
En ce qui concerne le style de Camilla Gibb, là aussi, c’est paradoxal. Je n’ai pas adoré, mais je n’ai pas non plus détesté. J’ai trouvé certains passages très « beaux », très émouvants, d’autres par contre m’ont semblé très « nébuleux » et j’ai parfois du relire quelques phrases pour comprendre de quoi il retournait ! Quand Thelma à ses « crises » de schizophrénie, là, c’est encore plus dur à suivre ! Le texte est entièrement à la première personne du singulier, on est constamment dans la tête de l’héroïne, c’est ce qui fait toute la force du texte, mais c’est aussi ce qui « dérange » le plus ! C’est souvent très imagé, parfois « poétique » même, ne serait-ce que dans les titres de chapitres offerts par l’auteure (par exemple : « A bord d’un vaisseau spatial », « Un bonheur de troglodyte »…). En fait, on suit les pensées, les agissements d’une personne « malade », presque d’une personne sous l’emprise de drogues… alors les divagations s’expliquent…
J’ai tenté de faire quelques recherches sur le net, pour voir s’il s’agissait d’une histoire « vraie », d’une « autobiographie », mais je ne crois pas (et heureusement pour l’auteure !). Je ne sais pas si je tenterai un autre livre de Camilla Gibb, mais il faut avouer qu’elle a réussi, avec celui-ci, à me mettre mal à l’aise et que son style mérite peut-être qu’on la suive… A voir !
Les Petits [ + ] : Camilla Gibb a réussi son pari : elle met son lecteur très mal à l’aise avec cette lecture dérangeante, oppressante… Un témoignage à la première personne du singulier, on suit les pensées et les agissements de l’héroïne, comme si on était à sa place, c’est d’autant plus « fort » ! Une plume qui offre des moments « beaux », c’est souvent imagé et poétique. Le texte est court, les chapitres brefs… l’ensemble se lit vite mais pas sans dommages !
Les Petits [ - ] : Une lecture très dure, oppressante, dérangeante… et qui met le moral à zéro ! La schizophrénie de Thelma entraîne des passages assez « nébuleux », on se demande si elle « rêve », ou si ça se passe vraiment… Même si j’ai parfois plaint l’héroïne, je ne me suis jamais vraiment attachée à elle, j’ai gardé mes distances. Un titre qui ne me réconcilie pas avec le genre des « histoires vraies », des « témoignages » ; trop dur pour ma sensibilité !