de Sheila KOHLER
La Table Ronde (Quai Voltaire),
2012, p. 264
Première Publication : 2009
Pour l'acheter : Quand j'étais Jane Eyre
Merci à
et aux éditions
La Table Ronde (Quai Voltaire),
2012, p. 264
Première Publication : 2009
Pour l'acheter : Quand j'étais Jane Eyre
Merci à
et aux éditions
Sheila Kohler est née en Afrique du Sud en 1942. Après des études brillantes à Saint-Andrews et une distinction en Histoire, elle quitte son pays pour rejoindre l'Europe. Elle vit 15 ans à Paris où elle se marie, passe une licence de Lettres à la Sorbonne puis poursuit avec un master en psychologie à l'Institut catholique de Paris. Après avoir élevé ses trois filles, elle déménage aux États-Unis en 1981 où elle passe un master d'écriture à Columbia. Elle vit actuellement à New York.
ans le calme et la pénombre, au chevet de son père qui vient de se faire opérer des yeux, Charlotte Brontë écrit, se remémore sa vie, la transfigure. Elle devient Jane Eyre dans la rage et la fièvre, et prend toutes les revanches : sur ce père, pasteur rigide, désormais à sa merci, sur les souffrances de son enfance marquée par la mort de sa mère et de deux sœurs aînées, sur sa passion malheureuse pour un professeur de français à Bruxelles, sur son désespoir face à son frère rongé par l'alcool et la drogue, sur le refus des éditeurs qui retournent systématiquement aux trois sœurs Brontë leurs premiers romans, envoyés sous pseudonyme.
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e n’avais pas eu vent de cette sortie avant de voir l’annonce du partenariat sur Newsbook. Face à un tel titre, un tel résumé et une telle illustration de couverture, vous vous doutez bien que je n’ai pas hésité beaucoup avant de « postuler ». Et je remercie Ys et les éditions de la Table Ronde pour cet envoi ; j’ai vraiment beaucoup apprécié ma lecture !
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Sheila Kohler - que je ne connaissais absolument pas avant cette lecture - se penche ici sur les sœurs Brontë, notamment Charlotte l’aînée, auteure du célèbre Jane Eyre. De la vie des trois sœurs anglaises, je ne connaissais que ce que j’avais pu lire rapidement sur Wikipédia et autres sites du même acabit : des informations biographiques jetées chronologiquement les unes après les autres, sans « âme ». Au contraire, Sheila Kohler ne se contente pas d’offrir une « simple » biographie mais y ajoute de l’émotion, de la passion.
En interprétant certains évènements connus de la vie des sœurs et en y ajoutant des éléments de son fait, l’auteure propose une « biographie romancée ». Contrairement aux ouvrages très « scientifiques » et souvent très froids, rédigés par des spécialistes diplômés, Quand j’étais Jane Eyre dégage une grande force émotionnelle et c’est ce qui m’a plu.
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En outre, Sheila Kholer met en scène la vie de la famille Brontë comme si celle-ci avait vraiment rassemblé les personnages d’un roman. Charlotte, Emily et Anne (mais surtout Charlotte) deviennent alors des héroïnes fortes et marquantes, à l’image de leur Jane, Catherine et Agnès. Comme le précise l’auteure dans les remerciements à la fin, basé sur les biographies célèbres, cet ouvrage n’en reste pas moins une fiction. Cependant, j’ai trouvé l’ensemble que nous propose Sheila Kohler très plausible.
On y découvre une famille blessée par les pertes précédentes (une mère douce et deux sœurs prometteuses) puis affaiblie par les épreuves de la vie (le frère prodige Branwell, autrefois promis à un bel avenir, transformé en ivrogne ; un père toujours distant et dépendant…). Au milieu, affrontant les difficultés, trois sœurs se serrent les coudes, n’abandonnant pas leur rêve d’être publiées malgré leur statut de femme et leur manque de moyens. On fait la connaissance de Charlotte, un petit bout de femme plutôt laide, désormais l’aînée des quatre enfants Brontë survivants, bien souvent jalouse de son frère et de ses sœurs ; puis Emily la sauvage et solitaire, toujours accompagnée de son chien, toujours prête à s’occuper de son ivrogne de frère ; et enfin, la petite Anne, la cadette, la plus jolie de toutes, la plus douce… et peut-être la plus fragile…
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J’ai pris beaucoup de plaisir à entrer dans la vie et dans les pensées des membres de cette famille car oui, grâce à Sheila Kohler, on pénètre véritablement au cœur de ces destins tragiques et les évènements en sont d’autant plus touchants. Autant vous le dire tout de suite, si je savais que l’histoire de la famille Brontë n’était pas des plus gaies, je ne pensais pas sortir de cette lecture aussi mélancolique. J’ai été prise aux tripes par la vie de ses trois sœurs, une vie que j’ai traversée en leur compagnie, avec beaucoup d’implication (bien loin des biographies qu’on lit comme des étrangers, avec beaucoup de recul !). Je me répète, mais la grande force de cette « biographie romancée » réside dans les émotions qu’elle offre !
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Côté style - je me base une fois de plus sur une traduction - je retiens une grande interaction avec le lecteur. Malgré l’utilisation de la troisième personne pour tous les points de vue qui se succèdent (les passages dédiés à Charlotte étant les plus nombreux), je ne me suis jamais sentie en retrait ou exclue des évènements. Au contraire, j’ai vécu ceux-ci en même temps que les personnages.
Si je dois avancer un bémol, ce serait peut-être au niveau de l’introduction des souvenirs de Charlotte dans le texte. Sheila Kohler n’adopte pas une narration linéaire, l’auteure revient régulièrement sur des épisodes passés permettant ainsi d’expliquer le « présent ». J’aime assez cette « complexité » narrative mais j’avoue avoir eu un peu de mal dans les premières pages, il faut s’y habituer. Une fois le rythme pris, cette narration non linéaire est une vraie richesse pour la lecture.
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Avant d’en terminer, j’aimerais soulever un point qui me semble passionnant et Quand j’étais Jane Eyre s’inscrit parfaitement dans la réflexion, revenant sur le processus de rédaction du célèbre Jane Eyre : jusqu’où peut-on voir la vie d’un auteur dans son œuvre ?
Je me souviens d’un cours de deuxième ou troisième de licence de lettres modernes qui revenait justement sur les différents types de « critiques ». Notre prof du moment nous avait alors mis en garde sur ce côté un peu « simpliste » qui entraîne à expliquer un livre par la seule (ou presque) biographie de son auteur. C’est souvent tentant, mais il faut se méfier. J’avoue que j’aime beaucoup chercher à retrouver la vie d’un auteur dans son œuvre, le côté un peu « psychanalyse de bas étage » me plaît assez ; mais c’est assez controversé par les spécialistes.
En ce sens, je ne doute pas que Quand j’étais Jane Eyre puisse « choquer » les experts ou puristes de la famille Brontë ; mais gardons en tête qu’il s’agit avant tout - et Sheila Kohler le dit clairement - d’une fiction. Et d’une fiction très réussie !
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Pour conclure brièvement avant de remercier une nouvelle fois Newsbook et les éditions de la Table Ronde pour cette découverte : Quand j’étais Jane Eyre ravira les admirateurs des Brontë car leur permettra de se sentir plus « proches » des ces trois demoiselles. En revanche, prévoyez ensuite une lecture gaie car même si l’on sait à l’avance quelle a été la vie de la famille Brontë, on tourne tout de même la dernière page avec une grande mélancolie.
e n’avais pas eu vent de cette sortie avant de voir l’annonce du partenariat sur Newsbook. Face à un tel titre, un tel résumé et une telle illustration de couverture, vous vous doutez bien que je n’ai pas hésité beaucoup avant de « postuler ». Et je remercie Ys et les éditions de la Table Ronde pour cet envoi ; j’ai vraiment beaucoup apprécié ma lecture !
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Sheila Kohler - que je ne connaissais absolument pas avant cette lecture - se penche ici sur les sœurs Brontë, notamment Charlotte l’aînée, auteure du célèbre Jane Eyre. De la vie des trois sœurs anglaises, je ne connaissais que ce que j’avais pu lire rapidement sur Wikipédia et autres sites du même acabit : des informations biographiques jetées chronologiquement les unes après les autres, sans « âme ». Au contraire, Sheila Kohler ne se contente pas d’offrir une « simple » biographie mais y ajoute de l’émotion, de la passion.
En interprétant certains évènements connus de la vie des sœurs et en y ajoutant des éléments de son fait, l’auteure propose une « biographie romancée ». Contrairement aux ouvrages très « scientifiques » et souvent très froids, rédigés par des spécialistes diplômés, Quand j’étais Jane Eyre dégage une grande force émotionnelle et c’est ce qui m’a plu.
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En outre, Sheila Kholer met en scène la vie de la famille Brontë comme si celle-ci avait vraiment rassemblé les personnages d’un roman. Charlotte, Emily et Anne (mais surtout Charlotte) deviennent alors des héroïnes fortes et marquantes, à l’image de leur Jane, Catherine et Agnès. Comme le précise l’auteure dans les remerciements à la fin, basé sur les biographies célèbres, cet ouvrage n’en reste pas moins une fiction. Cependant, j’ai trouvé l’ensemble que nous propose Sheila Kohler très plausible.
On y découvre une famille blessée par les pertes précédentes (une mère douce et deux sœurs prometteuses) puis affaiblie par les épreuves de la vie (le frère prodige Branwell, autrefois promis à un bel avenir, transformé en ivrogne ; un père toujours distant et dépendant…). Au milieu, affrontant les difficultés, trois sœurs se serrent les coudes, n’abandonnant pas leur rêve d’être publiées malgré leur statut de femme et leur manque de moyens. On fait la connaissance de Charlotte, un petit bout de femme plutôt laide, désormais l’aînée des quatre enfants Brontë survivants, bien souvent jalouse de son frère et de ses sœurs ; puis Emily la sauvage et solitaire, toujours accompagnée de son chien, toujours prête à s’occuper de son ivrogne de frère ; et enfin, la petite Anne, la cadette, la plus jolie de toutes, la plus douce… et peut-être la plus fragile…
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J’ai pris beaucoup de plaisir à entrer dans la vie et dans les pensées des membres de cette famille car oui, grâce à Sheila Kohler, on pénètre véritablement au cœur de ces destins tragiques et les évènements en sont d’autant plus touchants. Autant vous le dire tout de suite, si je savais que l’histoire de la famille Brontë n’était pas des plus gaies, je ne pensais pas sortir de cette lecture aussi mélancolique. J’ai été prise aux tripes par la vie de ses trois sœurs, une vie que j’ai traversée en leur compagnie, avec beaucoup d’implication (bien loin des biographies qu’on lit comme des étrangers, avec beaucoup de recul !). Je me répète, mais la grande force de cette « biographie romancée » réside dans les émotions qu’elle offre !
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Côté style - je me base une fois de plus sur une traduction - je retiens une grande interaction avec le lecteur. Malgré l’utilisation de la troisième personne pour tous les points de vue qui se succèdent (les passages dédiés à Charlotte étant les plus nombreux), je ne me suis jamais sentie en retrait ou exclue des évènements. Au contraire, j’ai vécu ceux-ci en même temps que les personnages.
Si je dois avancer un bémol, ce serait peut-être au niveau de l’introduction des souvenirs de Charlotte dans le texte. Sheila Kohler n’adopte pas une narration linéaire, l’auteure revient régulièrement sur des épisodes passés permettant ainsi d’expliquer le « présent ». J’aime assez cette « complexité » narrative mais j’avoue avoir eu un peu de mal dans les premières pages, il faut s’y habituer. Une fois le rythme pris, cette narration non linéaire est une vraie richesse pour la lecture.
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Avant d’en terminer, j’aimerais soulever un point qui me semble passionnant et Quand j’étais Jane Eyre s’inscrit parfaitement dans la réflexion, revenant sur le processus de rédaction du célèbre Jane Eyre : jusqu’où peut-on voir la vie d’un auteur dans son œuvre ?
Je me souviens d’un cours de deuxième ou troisième de licence de lettres modernes qui revenait justement sur les différents types de « critiques ». Notre prof du moment nous avait alors mis en garde sur ce côté un peu « simpliste » qui entraîne à expliquer un livre par la seule (ou presque) biographie de son auteur. C’est souvent tentant, mais il faut se méfier. J’avoue que j’aime beaucoup chercher à retrouver la vie d’un auteur dans son œuvre, le côté un peu « psychanalyse de bas étage » me plaît assez ; mais c’est assez controversé par les spécialistes.
En ce sens, je ne doute pas que Quand j’étais Jane Eyre puisse « choquer » les experts ou puristes de la famille Brontë ; mais gardons en tête qu’il s’agit avant tout - et Sheila Kohler le dit clairement - d’une fiction. Et d’une fiction très réussie !
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Pour conclure brièvement avant de remercier une nouvelle fois Newsbook et les éditions de la Table Ronde pour cette découverte : Quand j’étais Jane Eyre ravira les admirateurs des Brontë car leur permettra de se sentir plus « proches » des ces trois demoiselles. En revanche, prévoyez ensuite une lecture gaie car même si l’on sait à l’avance quelle a été la vie de la famille Brontë, on tourne tout de même la dernière page avec une grande mélancolie.
Les Petits [+] : Une « biographie romancée » qui offre beaucoup d’émotions (contrairement aux textes plus « scientifiques »). Certains évènements sont avérés, d’autres du fait de Sheila Kohler mais l’ensemble est très plausible ! Une narration non linéaire pas évidente au début mais qui offre finalement un texte très riche. Après cette lecture, j’ai encore plus envie de me plonger dans les textes des sœurs que je n’ai pas encore lus et de me replonger dans ceux que je connais déjà !
Les Petits [-] : Les détracteurs/experts pourront peut-être s’offusquer face au parallèle fait entre la vie des auteurs et leurs œuvres. Attention au moral, ce n’est pas très gai…