Les Chemins de Katmandou de René BARJAVEL

Mercredi 29 décembre 2010 à 19:17

http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Livres/cheminsdekatmandou.jpg
Les Chemins de Katmandou

de
René BARJAVEL
(Objectif PAL - 17/123,
DEAN - 270/220)

Pocket,
2000, p. 315

Première Publication : 1972


Pour l'acheter : Les chemins de Katmandou




René Barjavel, né le 24 Janvier 1911 et décédé
le 24 Novembre 1985,
est un écrivain et journaliste français principalement connu
pour ses romans d'anticipation.










http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Habillage/Quatriemedecouverture.jpg
http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Majuscules/Drouge.jpge tous les coins de la terre, des garçons et des filles se mettent en marche vers Katmandou, la ville qui dresse ses deux mille temples au pied de l'Himalaya, à la frontière du Tibet. Que vont-ils y chercher ? L'illusion d'un Dieu plus proche ? La liberté de vivre comme ils veulent et de fumer "l'herbe" sans crainte de la police ? Pour la plupart d'entre eux c'est un voyage vers leur propre destruction...
Jane et Olivier ont pris chacun un des "chemins" de Katmandou, peut-être parce qu'ils avaient été blessés dans leurs rapports avec leurs parents. Ces chemins commencent parmi nous et sans que vous vous en doutiez, l'un d'eux commence peut-être chez vous !...



http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Habillage/Monavis.jpg

http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Majuscules/Jrouge.jpg’ai découvert ce titre vers mes 15 ans, après La Nuit des temps et L’Enchanteur. J’avais tellement été emballée par ces deux-là que je souhaitais découvrir d’autres titres de l’auteur et j’étais tombée à la librairie, sur Les Chemins de Katmandou. Je me souviens que la lecture m’avait déçue, sur le coup. Le sujet ne correspondait sans doute pas à ce que j’avais envie de lire à l’époque.
Huit ans plus tard, avant de me lancer dans la relecture, il ne me restait que très peu de souvenirs si ce n’est des bribes de scènes très dures, qui m’avaient marquée. J’ai donc ouvert ce petit poche en me demandant si, avec plus de maturité, je serais à nouveau déçue par ce titre ou si, au contraire, j’allais faire une sacrée « découverte » !
Les Chemins de Katmandou ne se place effectivement pas dans mon top René Barjavel, car, je le confirme, le sujet abordé n’est pas un de ceux qui m’intéressent le plus, mais j’ai retrouvé la plume si particulière de mon cher René ; cette façon si « vivante » qu’il a de nous raconter ses histoires… Ce n’est donc pas un coup de cœur, mais un très bon moment de lecture !
'
Jeune anglaise perdue et blessée, Jane trouve du réconfort et un nouveau mode de vie auprès de Sven, jeune suédois bien décidé à se rendre à Katmandou.
Olivier vit avec sa grand-mère, à Paris, depuis sa plus tendre enfance. Sa mère, mannequin qui ne veut pas se voir vieillir, a toujours eu bien d’autres chats à fouetter, dans le monde entier. Olivier trouve un sens à sa vie en se lançant à corps perdu dans la lutte étudiante. Il déchante vite en se rendant compte que tout n’est que mot et que les actions ne viennent jamais ! Décidé à retrouver son père milliardaire pour lui soutirer l’argent qu’il n’a jamais reçu, le jeune homme s’envole pour le Népal où son géniteur joue au chasseur de tigres pour impressionner les touristes.
A Katmandou pour des raisons différentes et pour un but diamétralement opposé (l’amour pour Jane, l’argent pour Olivier), les deux jeunes gens se croisent pourtant au détour d’un chemin… Séparés alors qu’ils viennent tout juste de se rencontrer, Jane continue sa route vers l’Amour et se perd dans les méandres de la drogue, alors qu’Olivier court vers son père et oublie les choses importantes, éblouit par des promesses de richesses…
'
http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Divers2/lescheminsdekatmandou.jpgJ’aurais peut-être du faire cette relecture il y a quelques mois, en octobre, lors des grèves nationales, des mouvements étudiants et des manifestations violentes… j’aurais été dans le ton ! En effet, Les Chemins de Katmandou rédigé entre mars et septembre 1969, s’ouvre sur les évènements de 1968 et notamment sur le célèbre mois de Mai. L’heure est à la rébellion, à la rupture, à la manifestation ! Les jeunes se veulent penseurs et veulent changer le monde : détruire pour construire une ère nouvelle ! Tous cherchent à atteindre un état, un mode de vie qui leur parlent… C’est le temps des Hippies. Les garçons ont la moustache et les cheveux longs et jouent de la guitare autour des feux de camp ; les filles portent des robes fleuries et des culotttes colorées (quand elles se donnent la peine d’en enfiler). Peace and Love, Paix et Amour…
Etant née quelques dizaines d’années plus tard, je ne connais de cette période que les films, documentaires et musiques que j’ai pu voir / écouter jusque là ; mais grâce à ce titre de René Barjavel, je comprends maintenant plus ce qu’a pu être la mentalité des jeunes de mon âge en 1968.
C’est évidemment romancé, mais je pense que l’auteur a su rendre compte, témoigner de l’atmosphère pesante et quasi mystique de cette année-là.
'
Comme je le disais plus haut, le thème général de cette histoire n’est pas de ceux qu’i m’intéressent particulièrement mais j’ai tout de même pris plaisir à suivre les aventures des deux personnages principaux et d’autres, plus secondaires.
Les premières pages commencent très fort et sont presque choquantes. On découvre Jane qui fuit sous la pluie londonienne et se retrouve quasi inconsciente de ce qui lui arrive, enfermée dans une cour par un homme qui ne cache pas ses intentions… Quelques pages plus loin, j’ai retrouvé la scène terrible du couple de jeunes qui, faisant du stop dans un endroit désert, tombent sur un camion de pervers qui débarrassent des corps nus, une fois leurs bas instincts satisfaits…
Si l’intrigue principale ne me parle pas plus que ça, la façon dont René Barjavel enchaîne les scènes et nous les présente, ne peut qu’être percutante ! Comment oublier ces deux passages-là ?… et les suivants ?!
L’auteur nous propose de suivre une palette de personnages de tous âges et tous horizons ; mais il se concentre surtout sur Jane et Olivier. Je n’ai jamais vraiment réussi à m’attacher à la jeune femme, trop étrangère, trop distante dès le départ… et de plus en plus intouchable au fil de sa descente dans les enfers de la drogue. Olivier m’a beaucoup plus touchée avec son enfance « malheureuse », sa quête de « reconstruction », ses espoirs déçus successivement… et sa rencontre avec Jane ! Peut-être que ce personnage m’a plus plu que les autres car c’est celui dont l’histoire est la plus développée ; c’est un peu LE héros des Chemins de Katmandou même s’il ne prend pas non plus tout le devant de la scène. Au final, Barjavel nous offre des figures témoins qui illustrent chacune un petit quelque chose…
'
Cet auteur (mon chouchou, l’homme de ma vie !) a un vrai talent de conteur. Je crois que je n’ai encore jamais trouvé un autre écrivain avec lequel je passe des moments aussi intenses. Intenses, tout simplement car je vis l’histoire que je lis, car je parviens parfaitement à matérialiser toutes les images dans ma tête !
Certains diront que René Barjavel a une plume poétique, d’autres que celle-ci est fadasse ; je dirais, pour ma part, qu’il a un style qui touche. Alors oui, tout le monde ne peut pas être sensible aux mêmes choses, alors tout le monde ne peut pas apprécier les œuvres de cet auteur ; mais, pour ceux qui le sont (sensibles), lire un titre de René Barjavel procure toujours des émotions fortes !
J’ai aussi lu plusieurs fois que certains trouvaient son écriture simpliste, et pour le coup, je ne suis pas d’accord. C’est peut-être moins riche qu’un Zola ou un Flaubert (déjà, ce n’est pas la même époque), mais c’est tout de même travaillé, et très imagé. Par exemple, « On entrait dans la maison par trois larges basses marches de marbre blanc, accueillantes, apaisantes. » Je ne vous fais pas le coup d’un schéma avec des flèches et tout le tintouin, mais ce sont des petites détails « sonores » du genre, éparpillés de-ci, de-là, qui font le style de Barjavel.
Pour revenir à des considérations plus « banales », je dirais que ça se lit très vite et même que ça « glisse tout seul » !
Encore une fois, je pense que ceux qui n’adhèrent pas au style de René Barjavel, ne trouveront rien qui pourra les retenir ; pour les autres, lancez-vous, c’est fort en émotions !


Les Petits [ + ] : Joli témoignage de l’année 1968, des attentes et de la mentalité des jeunes. Une plume, un style qui me touche particulièrement, car très « vivant ». Des personnages témoins qui apportent tous un petit quelque chose, avec une préférence, tout de même, pour Olivier. Même si l’histoire d’amour n’est pas au centre des préoccupations (et c’est sans doute mieux), elle est tout de même là, et comme d’habitude avec Barjavel, c’est beau. Enfin, un texte qui se lit très vite et sans aucun problème !
Les Petits [ - ] :
Comme d’habitude, ceux qui n’adhèrent pas à la plume de Barjavel, trouveront à redire. Un témoignage légèrement romancé, qui ne séduira pas les spécialistes purs et durs.


Daddy est mort... retour à Sarcelles de Insa SANE

Dimanche 5 décembre 2010 à 21:17

http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Livres/daddyestmort.jpghttp://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Divers2/coupdecoeur.gif

Daddy est mort...
retour à Sarcelles

de
Insa SANE
(Partenariat Sarbacane,
DEAN - 267/220)
 
Editions Sarbacane (Exprim')
,
2010, p. 279

Première Publication : 2010

Pour l'acheter : Daddy est mort...


Insa Sané est un écrivain, slameur, rappeur
et
comédien né en 1974 à Dakar.

Daddy est mort... est le 4ème volet de la "Comédie
urbaine" amorcée avec Sarcelles-Dakar, puis Du plomb
dans le crâne
et Gueule de bois, qui l'ont imposé
comme un auteur majeur de sa génération.

> La page Facebook <
(Vous y trouverez beaucoup de choses !)



"A 20 ans, on est bête et méchant. A 20 ans, on ne s'imagine pas 20 ans plus tard, tu me le feras pas croire. Parfois, on rêve de carrosses, changer les baffes en caresses ; pour un J'te jure, je t'aime, on se déboutonne. Ouais, c'est l'amour monotone quand on a 20 printemps d'automne."




http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Habillage/Quatriemedecouverture.jpg
http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Majuscules/1noir.jpg995, Sarcelles. Tandis que Djiraël s’envole pour Dakar, son pote Daddy a du pain sur le bitume : à 20 ans, il va être père. La vie n’a pas toujours été tendre avec lui, entre une mère toxico et un père inconnu, mais cette fois il a le plan parfait.
Oui, Daddy a un plan… et aussi un mystère à percer : l’identité de son père. Un mystère qui va lui coûter la vie – on retrouve son corps brûlé dans une poubelle. Sa mort plonge les rues du 19e arrondissement de Paris dans une impitoyable guerre de quartiers, où Djiraël, tout juste rentré de Dakar, est entraîné, ainsi que son pote Youba et tous les jeunes Sarcellois. 1995 : Paris (19) vs Sarcelles (95). La police est sur le coup.
Et c’est Tonton Black Jacket, alors nouvel agent de la brigade des stupéfiants, qui va s’apercevoir qu’une affaire qui roule a souvent des rouages pourris…



http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Habillage/Monavis.jpg

http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Majuscules/Lmarron.jpges éditions Sarbacane m’ont contactée il y a quelques semaines pour me proposer Daddy est mort… retour à Sarcelles. Ce n’est pas du tout le genre de livres que je lis habituellement, pas du tout un contexte qui me parle et pas un univers que j’apprécie particulièrement. Sans vouloir faire des généralités ou apporter des préjugés, la vie dans les cités, le slam (Insa Sané est un slameur) et tout ce qui s’en suit sont à des milliers de kilomètres de mes goûts et de ma vie ! J’ai donc longuement hésité avant d’accepter, mais finalement, je me suis lancée car j’avais très envie de découvrir de nouvelles choses et de sortir de mes habitudes. Résultat : j’ai A-DO-RE ! Ce n’est pas un énorme coup de cœur, mais c’est un joli petit coup de cœur ! Je remercie donc chaleureusement les éditions Sarbacane pour cet envoi !
'
Daddy - vingt ans - a rendez-vous avec sa mère - Eléonore - junkie délabrée qu’il n’a pas vue depuis des années. Elle supplie son fils de lui donner de l’argent pour sa dose. Il accepte, à condition qu’elle lui apprenne enfin qui est ce père qu’il n’a jamais connu. Le cœur lourd après la révélation, Daddy met de côté le bonheur qu’il vit avec Emma - sa petite amie enceinte de huit mois - et se lance à la poursuite de ce géniteur qui l’a abandonné… Youba le parisien, quant à lui, sembler voguer sur d’autres flots depuis l’apparition de cette divine inconnue à une station de métro. Obsédé par le sourire de la demoiselle, il fait tout pour la retrouver et la rencontrer… Alain, alias Tonton Black Jacket, commence son nouveau job dans la brigade des stupéfiants, pressé de faire ses preuves. Il intègre une équipe, dirigée de main de maître par L’Ogre, afin de démanteler un gros réseau et de faire tomber un des plus gros truands du coin : Le Pasteur ! Tous ces destins se côtoient sans jamais vraiment s’entremêler… jusqu’à la mort prématurée de Daddy qui entraîne une guerre entre Sarcellois et Parisiens ! Les protagonistes se retrouvent alors intimement liés les uns aux autres, semblant tous chercher la même personne, le père de Daddy car, « Si tu lis ça, mon pote, c’est que mon père m’a tué » !
Comme je vous le disais plus haut, le contexte général de l’histoire n’est pas de ceux que je côtoie souvent et pas non plus de ceux que j’affectionne. En effet, les histoires de gangs dans les cités à la périphérie de Paris ; autant dire que je n’étais pas sûre d’accrocher ! Et pourtant, suivre le destin des personnages, sur quelques semaines, dans leur quotidien, dans Sarcelles, dans la rue… c’était très fort, très réaliste ! Je me serais presque cru dans les HLM et les quartiers malfamés avec eux ! J’ai également apprécié le fait que l’auteur insère énormément de références dans son texte, ce qui le rend encore plus réaliste, encore plus palpable. Non seulement Insa Sané nous offre un morceau (une chanson) qui existe en vrai de vrai, en introduction de chaque nouveau chapitre ; mais en plus, il cite régulièrement ses autres titres (les quatre tomes de sa Comédie urbaine sont tous liés) et même des titres édités chez Sarbacane ! La contextualisation est très forte et permet donc au texte d’être encore plus « touchant », « prenant »…
'
http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Auteurs/insasane.jpgTous les personnages (et ils sont nombreux) gravitent autour de Daddy, de manière plus ou moins « proche ». Insa Sané développe brillamment leur personnalité, s’attardant sur chacun, offrant à tous un passé, un présent, un futur… On pourrait croire (avec le titre) que Daddy est le seul héros de cette histoire, mais non ! Tous ont leur importance, tous ont leur place dans ce monde, tous ont un rôle à jouer et quelque chose à apporter. La palette des personnages est très riche et travaillée, et ceux-ci ne sont pas stéréotypés, comme j’aurais pu le redouter. Non, ils sont complexes et particulièrement touchants. Pour les citer : Djiraël, Tierno, Youba, Zulu, Farid, Tonton Black Jacket, l'Ogre, le Gros, Minus, J.P., Pinocchio, le Pasteur, Mr Left Punch, Eléonore, Emma, Pauline, Aicha,...
J’ai également été bluffée par l’intrigue. En effet, celle-ci est très bien menée, prenante et nous tient en haleine jusqu’au bout. On pourrait presque penser à une enquête policière, puisque tout au long de la lecture, on attend de rencontrer le père de Daddy ; et là… l’auteur nous mène par le bout du nez ! J’étais persuadée que le dit père était… mais non, pas du tout ! Je n’ai rien vu venir ; je n’ai pas marché, j’ai couru ! La découverte du « vrai » père de Daddy est une vraie surprise (enfin pour moi), une révélation qui explique beaucoup de choses (notamment les liens des personnages entre eux) ; c’est vraiment bien amené, bravo ! Mais je n'en dis pas plus, j'ai déjà peur d'en avoir trop dit...
Autre point très positif, et non des moindres : la plume ! Insa Sané est un slameur, un rappeur et ça se sent ! En effet, il manie la langue avec adresse : rythme et rimes sont de la partie, ce qui donne de très jolis passages. On retrouve également quelques phrases aux vérités « universelles », très justes, très belles. J’ai aimé la forme générale du texte : de petits chapitres (qui s’ouvrent sur une chanson, comme je le disais plus haut) qui suivent successivement le cheminement de chaque personnage ; ceux-ci sont d’ailleurs annoncés en en-tête (avant le titre de la chanson), un peu comme dans les pièces de théâtre mais avec le petit truc « urbain » en plus (par exemple : « Tonton Black Jacket (feat. L’ogre) »). En dehors du rythme et des rimes, le styles est tout de même très oral mais colle parfaitement avec le thème, avec le contexte. J’avais peur de cette oralité, j’avais peur d’être déstabilisée par celle-ci, voire même horrifiée ; mais au contraire, le style et les nombreuses adresses que fait l’auteur aux lecteurs, permet de s’immerger un peu plus dans cette histoire, dans cette périphérie parisienne qu’on connait finalement si peu…
Avec ce texte, Insa Sané ne se contente pas d’écrire un roman ; il mêle habillement plusieurs « arts » : la poésie bien sûr, mais également et surtout la musique qui a une grande place dans son œuvre. Insa Sané, grâce à cette « comédie urbaine », se fait témoin de son temps, de son pays. Et derrière ce drame (la mort de Daddy), c’est une grosse note d’espoir qu’il offre à ses lecteurs… « Alors mon frère, rions avec les braves, les barges et les couards. Les larmes coulent, la joie se tarit, la vie suit son cours ; derrière un sourire, il y a toujours une histoire qui commence ou qui s’achève. »
'
Les différentes références à ses autres textes me donnent très envie de découvrir ces autres tomes ; de suivre le destin d’autres personnages croisés ici ! Et, dorénavant, je n’hésiterai plus à me lancer dans des lectures qui ne correspondent pas à mes habitudes ; la découverte est d’autant plus enrichissante !
Travaillant cette année dans un lycée professionnel de la « banlieue » lyonnaise, j’ai bien envie de faire découvrir ce texte à certains de mes élèves. Je pense en parler, dès que possible, avec la documentaliste ; et nous qui cherchions un ouvrage pour un hypothétique « club de lecture », pourquoi pas celui-ci ? Je pense que les personnages d’Insa Sané, leur quotidien, leur vie, leur destin,… leur parlera beaucoup plus qu’un tome des Rougon-Macquart d’Emile Zola !
Je remercie donc, une nouvelle fois, les éditions Sarbacane pour ce partenariat et vous encourage à découvrir la plume d’Insa Sané, si vous avez l’occasion !


Les Petits [ + ] : De nombreux personnages, complexes, travaillés,… une palette très riche ! Une intrigue qui m’a transportée et m’a tenue en haleine jusqu’au bout ; j’ai été très surprise par le visage du père de Daddy ! Un contexte fort et très réaliste. Une plume rythmée et rimée, de jolies phrases, de belles idées. La musique a une place importante dans l’œuvre d’Insa Sané, aussi bien dans le style que dans la forme générale du texte (les titres de chansons en début de chapitre).
Les Petits [ - ] : J’essaye de trouver, objectivement, un aspect négatif ; mais que ce soit dans le fond ou dans la forme, je sèche !


http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Maisonsdedition/sarbacane.gif

La Révolte des accents de Erik ORSENNA

Mardi 23 novembre 2010 à 17:41

http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Livres/revoltedesaccents.jpg

La Révolte des accents
de Erik ORSENNA

(Cadeau de Matilda,
DEAN - 267/220)

Le Livre de Poche,
2008, p. 122

Première Publication : 2007



Pour l'acheter : La Révolte des accents




 
Erik Orsenna, de son véritable nom
Erik Arnoult
, est un romancier et
académicien français, né le 22 mars 1947.



 

http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Habillage/Quatriemedecouverture.jpg
http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Majuscules/Drouge.jpgepuis quelque temps, les accents grognaient. Ils se sentaient mal aimés, dédaignés, méprisés. A l'école, les enfants ne les utilisaient presque plus. Chaque fois que je croisais un accent dans la rue, un aigu, un grave, un circonflexe, il me menaçait.
- Notre patience a des limites, grondait-il. Un jour, nous ferons la grève. Attention, notre nature n'est pas si douce qu'il y paraît. Nous pouvons causer de grands désordres.
Je ne prenais pas les accents au sérieux. J'avais tort.




http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Habillage/Monavis.jpg

http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Majuscules/Erouge.jpgntre deux tomes de La Quête d’Ewilan, j’avais envie de lire autre chose, mais j’ai préféré choisir un titre court et léger ; c’était juste histoire de faire une pause entre deux tomes pour ne pas me mélanger les pinceaux. J’ai donc choisi La Révolte des accents de Erik Orsenna, qui dormait tranquillement dans ma PAL depuis quelques mois. Je remercie ma très chère Matilda qui m’a envoyé ce titre parce que, je la cite, elle a « préféré les derniers volumes de cette série aux premiers » et s’est dit que je « serais curieuse de les lire à mon tour » ! La Révolte des accents est le troisième « tome » écrit par le Monsieur de l’Académie française (c’est important, apparemment, car écrit sur chaque couverture !) sur le thème de la grammaire. J’avais adoré le premier (La Grammaire est une chanson douce) et avais été déçue par le second (Les Chevaliers du subjonctif). Celui-ci est meilleur que le précédent, à mon goût, mais reste tout de même assez loin du tout premier ! Si l’idée de départ est très bonne, je trouve le développement un peu approximatif et la fin, particulièrement bancale ! Dommage, dommage !
'
http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Auteurs/ErikOrsenna.jpgJeanne a finalement trouvé un petit travail d’été, grâce à sa vue exceptionnelle : elle doit prévenir le capitaine si des pirates s’approchent de l’île avec l’intention de passer à l’attaque ! Loin des voyages en mer dont elle avait rêvé, la demoiselle se retrouve coincée en haut d’un phare à observer une mer complètement déserte ! Un jour, un navire transportant des comédiens accoste, une représentation de Roméo et Juliette s’en suit, à laquelle Jeanne ne peut assister que perchée en haut de son poste d’observation : le devoir avant tout, elle ne doit pas négliger son travail ! Le lendemain, plusieurs heures après le lever du soleil, alors que les habitants émergent difficilement de leurs rêves, la marchande sonne l’alarme : tous ses épices ont disparu ! Mais ce n’est pas tout, au fil de la journée, une autre absence vient à se faire ressentir : celle des accents ! Jeanne se lance à la recherche de tout ce petit monde (ainsi que de son frère, Tom), parti à l’aventure sur le bateau des comédiens et là voilà qui se retrouve… en Inde !
Comme les deux tomes précédents, cet opus est relativement court (à peine 120 pages) et se lit donc très très très rapidement (même pas une heure, si je me souviens bien). Je n’arrive pas à dire si j’ai apprécié ou non cette brièveté. Un texte plus long aurait peut-être apporté un meilleur développement, mais aurait peut-être été ennuyeux au bout du compte ? De même, je ne sais pas vraiment comment classer ce livre : roman « contemporain », plutôt pour la « jeunesse » ? Difficile à dire. Grâce à un style très imagé et très poétique, les plus jeunes pourront facilement se représenter les choses et comprendront enfin à quoi servent ces petits accents qui les embêtent tant lors des dictées ! Dialogues et descriptions sont souvent décalés et loufoques ; ce qui apporte un peu d’humour à l’ensemble. De mon côté (et donc du côté des adultes, enfin je crois !), je suis un peu déçue. J’aime assez ce côté très frais, coloré, joyeux, exubérant,… mais il me manque un petit quelque chose pour que je sois séduite et pour que cette histoire me reste en tête. C’est indéniable, la magie du premier tome n’est plus présente ici, et elle me manque !
Voilà une histoire qui s’annonçait assez mystérieuse, loufoque et colorée ! J’ai particulièrement aimé les premières pages et tout ce qui touchait à l’explication de la présence d’accent dans les langues (d’ailleurs, on apprend, au passage, quelques accents rares) ; mais j’ai assez vite déchanté. En effet, je trouve que Erik Orsenna n’a pas vraiment utilisé son idée de départ qui avait pourtant du potentiel. Tout part un peu dans tous les sens et j’ai même du mal à parler de cette lecture, seulement quelques jours après l’avoir terminée. Et c’est sans compter sur le dénouement, particulièrement rapide (deux ou trois pages)… et je le dis, l’histoire finit en queue de poisson !
En revanche, j’aime assez le fait que l’intrigue prenne place dans un espace/temps un peu vague. On débute sur une île (dans un phare), on ne sait où, on ne sait quand et on voyage jusqu’en Inde (en haut d’une montagne). La chronologie et la géographie sont peu abordées, mal définies (j’ai simplement retenu que Jeanne reste un mois en haut de son phare avant que le bateau transportant les comédiens apparaisse) mais laisse place au plus important : l’imagination. L’ensemble reste atemporel, un peu comme les contes de fées et peuvent ainsi parler au plus grand monde.
Du côté des personnages, on retrouve Jeanne et son frère (qu’on avait déjà rencontrés dans les deux tomes précédents) et tout un panel de personnages hauts en couleurs. Avouons tout de même que l’ensemble est exagéré et même un peu caricatural ; mais après tout, les figures desservent bien l’histoire dans laquelle elles évoluent.
Le gros point positif de ce troisième volume (et des précédents) réside dans les illustrations. Celles-ci sont très nombreuses et placées un peu partout (en pleine page ou plus ponctuellement autour d’un paragraphe). Elles sont très colorées, très vives et oscillent entre la photographie et le dessin ; c’est très joli à parcourir et illustre parfaitement le texte avoisinant ! En revanche, elles prennent vraiment beaucoup de place et on se rend alors compte que le texte est encore plus court que ce qu’il paraissait au premier abord !
En bref. Erik Orsenna nous offre à nouveau un texte poétique et coloré pour nous expliquer un point de la grammaire française. C’est un bon moyen pour les plus jeunes, de découvrir la nécessité des accents, tout en s’amusant. Les lecteurs plus aguerris apprécieront les belles illustrations mais regretteront que le texte soit si court et si « brouillon »… Les tomes suivants sont-ils meilleurs ?


Les Petits [+] :
Une façon poétique, imagée, colorée, d’apprendre (aux plus jeunes) à quoi servent les accents. Erik Orsenna nous offre même quelques accents rares avec leurs explications, de quoi calmer un peu notre curiosité ! Des illustrations superbes (entre le dessin et la photographie) et nombreuses (peut-être trop, justement ?). Un texte court, facile à lire.

Les Petits [-] : Une idée de départ trop peu exploitée, noyée sous pas mal de digressions. On se rend compte rapidement que le texte est vraiment très court, et qu’il est à son tour noyé sous les illustrations ! De la poésie, des couleurs, de la fraîcheur ; mais ce n’est pas suffisant, la magie du départ (du premier tome) n’est plus…


Jamais deux sans toi de Josie LLOYD et Emlyn REES

Mercredi 3 novembre 2010 à 21:32

http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Livres/jamaisdeuxsanstoi.jpg
Jamais deux sans toi
de
Josie LLOYD
et Emlyn REES

(Objectif PAL - 14/123,
Défi En Attendant Noël - 266/220)
  
France Loisirs (Piment),
2001, p. 460

Première Publication : 1999


Pour l'acheter : Jamais deux sans toi



Alors qu'ils viennent de publier, chacun de leur côté,
un premier roman, les regards de Josie Lloyd et
Emlyn Rees
se croisent. Quelques semaines plus tard,
ils commencent la rédaction à quatre mains de Jamais
deux sans toi
. Aujourd'hui, ils sont mariés et préparent
la suite de leur phénoménale aventure éditoriale
en attendant leur premier bébé ! Romantique, non ?






http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Habillage/Quatriemedecouverture.jpg
http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Majuscules/Lrouge.jpgui est célibataire et heureux de l'être. Elle rêve du grand amour sans se l'avouer. Autant dire que la rencontre des deux va provoquer des étincelles. Eh oui, l'amour c'est comme ça ! Cela arrive quand on ne s'y attend pas ! Un roman à quatre mains, délicieusement impudique, impertinent et drôle !




http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Habillage/Monavis.jpg
http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Majuscules/Arouge.jpgprès Raboliot, j’ai enchaîné sur un autre titre qui ne me disait pas grand-chose mais qui trainait depuis bien trop longtemps dans ma PAL : Jamais deux sans toi de Josie Lloyd et Emlyn Rees. Si je me souviens bien, il faisait partie d’un lot de livres que j’avais acheté lors d’un vide-grenier (3€ les 10, ou quelque chose comme ça) ; donc vous savez, vous avez trouvé sept ou huit bouquins que vous voulez vraiment, et il vous en faut encore deux ou trois pour arriver aux dix et avoir le compte… Jamais deux sans toi faisait partie des deux ou trois pris pour combler le manque !
Je pense qu’on peut classer ce titre du côté de la chick-lit, et mes lecteurs habitués savent que je ne porte pas ce genre dans mon cœur. Et ce n’est pas encore ce livre qui va me faire changer d’avis. D’ailleurs, je pense que c’est terminé, il y a tellement d’autres livres à lire, que je ne « perdrai » plus de temps avec ceux-ci. Et pour ceux qui me diront : « Oui, mais parfois, de la littérature détente, ça fait du bien ». Alors oui, je suis d’accord, mais dans ce cas-là, autant lire de la bit-lit, au moins, les auteurs du genre ont le mérite de mettre en place un univers plus ou moins développé et plus ou moins pertinent.
'
http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Auteurs/josielloyd.jpgJack - vingt-sept ans - est un coureur de jupons sans le sou, qui vit en colocation avec son meilleur ami - Matt - un avocat riche et brillant. Il profite de cette cohabitation et de cette amitié pour emprunter tenues et voiture lorsqu’il a besoin d’aller draguer. De son côté, Amy - vingt-cinq ans - se lamente de son statut de célibataire depuis plus de six mois et a peur de finir vieille fille. C’est lors de l’anniversaire de Matt que Jack et Amy se rencontrent pour la première fois. Elle s’était jurée de ne pas s’offrir dès le premier soir, et lui s’était promis de ne pas tomber amoureux, aimant trop sa vie de célibataire… Mais voilà, la vie réserve des surprises, et cette rencontre en est une ! Jack parviendra-t-il à mettre de côté son besoin de draguer et à rester fidèle à Amy ? Et elle, de son côté, saura-t-elle se contenter de Jack qui est bien loin de son homme idéal ?
Bon, pas besoin de faire un résumé plus long, de toute façon, il n’y a pas grand-chose de plus à dire, car, pour être tout à fait sincère, l’intrigue est tout de même assez légère. Mis à part les différents rendez-vous des amoureux dans l’Angleterre et le Londres contemporain (si on avait oublié qu’on était en Angleterre, la fâcheuse manie des différentes figures à tout le temps boire du thé nous le rappelle), leurs rencontres avec les proches de l’un ou de l’autre et tous les problèmes liés à une relation naissante, on ne peut pas dire qu’il y ait vraiment « d’histoire ».
Les personnages principaux sont donc deux, une fille et un garçon ; à l’image du couple formé par les deux auteurs… Jack, Amy et leurs deux meilleurs ami(e)s - Matt pour Jack, Helen (surnommée « H ») pour Amy - représentent, apparemment, la « jeunesse » actuelle, et n’étant pas bien plus jeune, je me sens « concernée ». Malheureusement, je n’ai absolument rien à voir avec ces deux figures, ni avec leurs ami(e)s d’ailleurs ; je ne me reconnais absolument pas dans ces héros matérialistes, futiles et inintéressants au possible qui ne savent qu’aller en boîte et nous raconter leur gueule de bois quotidienne (à vrai dire, je les « méprise » un peu), et c’est toujours ce qui me dérange avec la chick-lit.
Ceci dit, dans ce texte et contrairement au Diable s’habille en Prada de Lauren Weisberger ou Blonde attitude de Plum Sykes, on évite tout ce qui touche à la mode et l’histoire se passe du côté des gens « normaux », pas dans la sphère hautement privée de Paris Hilton ; c’est déjà ça ! Je ne trouve absolument aucune originalité dans cette histoire ; on sait du début comment ça va se terminer, et pas seulement pour le couple formé par les deux personnages principaux…
'
http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Auteurs/emlynrees.jpgL’originalité - enfin, tout est relatif -, se situe plutôt du côté de la « forme ». Il y a deux auteurs, deux personnages principaux et donc deux points de vue alternés. Un chapitre est consacré au point de vue de Jack, le suivant au point de vue d’Amy. Les situations sont donc appréhendées sous les deux angles, et c’est parfois assez amusant. J’avoue que j’ai parfois souri, car il y a de l’humour, et c’est un très bon point ! Cependant, certains passages sont assez crus, notamment lorsqu’on est du côté de Jack, qui ne mâche pas ses mots.
Je me demande si, par hasard, Josie (la femme) n’aurait pas rédigé les parties concernant Jack et Emlyn (l’homme) les parties concernant Amy, car les personnalités, les pensées et dialogues de chacun sont tout de même très caricaturaux ; comme lorsqu’un homme s’imagine connaître une femme et inversement. D’ailleurs, l’ensemble du texte, des situations, des figures est une énorme caricature. Est-ce le but ? Peut-être, je n’en sais rien. En tout cas, moi qui aime les personnages complexes et les intrigues travaillées, autant dire que je suis servie…
Cependant, comme tous les livres du genre, Jamais deux sans toi a au moins le mérite de se lire à vitesse grand V, sans souci véritable ou problème de compréhension ; et heureusement, parce que passer une semaine sur ce livre, m’aurait donné l’impression de perdre un temps précieux ! Là, deux jours, ça va, ça m’a détendue. Et en plus, m’a préparée à une nouvelle lecture, cette fois une lecture plaisir. Après cette plongée moyenne dans le monde de la chick-lit, la suite ne pouvait qu’avoir un goût meilleur !


Les Petits [ + ] : Comme tous les livres du genre, ça se lit très très vite et facilement. Il y a quelques touches d’humour, ça fait du bien. Deux points de vue, des chapitres alternés ; c’est original.
Les Petits [ - ] : Des situations et personnages caricaturaux. Aucune originalité dans l’intrigue, on sait dès le début comment ça va se terminer. Des passages assez crus (surtout lorsque l’on suit le point de vue de Jack). Sitôt lu, sitôt oublié…



La Bouche pleine de mots de Camilla GIBB

Vendredi 24 septembre 2010 à 12:13

http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Livres/bouchepleinedemots.jpgr
La Bouche pleine de mots
de Camilla GIBB

(Objectif PAL - 9/123
Défi En Attendant Noël - 258/220)
France Loisirs (Piment),
2003, p. 254

Première Publication : 1999


Pour l'acheter : La bouche pleine de mots




Camilla Gibb est une auteure canadienne diplômée
en anthropologie. La Bouche pleine de mots
(Mouthing the Words) est son premier roman.




D'Autres Livres de Camilla GIBB :

- Les Détails insignifiants d'une vie sans éclat
-
- Le Miel d'Harar -


 


http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Habillage/Quatriemedecouverture.jpg
http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Majuscules/Urouge.jpgne petite fille nous parle. Elle se nomme Thelma et a tantôt la voix de Poil de Carotte, tantôt celle d'Alice au Pays des Merveilles. Elle veut nous révéler un secret, pour s'en débarrasser, pour survivre. Mais existe-t-il des mots qui forcent la vérité à rendre gorge ? Guérit-on jamais d'une enfance saccagée ? Du fond de sa nuit, Thelma appelle au secours. Elle crie que le roi est nu et les grandes personnes capables du pire. Elle accuse, dénonce, pleure mais rit aussi pour conjurer l'angoisse. « Aimez-moi », répète-t-elle, et le lecteur n'y résiste pas.




http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Habillage/Monavis.jpg
http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Majuscules/Lvertdeaujpg.jpga Bouche pleine de mots est un titre qui traîne dans ma bibliothèque depuis sa sortie chez France Loisirs (donc vers 2003/2004). J’avais déjà fait une première lecture à cette époque, il faut dire qu’alors, je n’avais pas la PAL que j’ai maintenant, et que je lisais un titre dès que je l’achetais… Bref. N’en ayant aucun souvenir, je l’avais inscrit dans mon Objectif PAL (oui, un titre lu en plus !) pour me remettre l’histoire en tête (et la découvrir avec plus de maturité) et en faire un billet complet pour mon blog. Pourquoi j’avais acheté ce livre ? Mystère. Les « témoignages » de ce genre, les histoires « vraies » ou basées sur des faits réels ne sont pas du tout mon genre de prédilection et ne l’ont jamais été. Sans doute un achat à faire avant la date fatidique imposée par France Loisirs. Il me semble que j’étais sortie mitigée de ma première lecture, et c’est à nouveau le cas aujourd’hui. La lecture fut difficile, pas tellement à cause de la plume mais surtout en raison du thème ; et c’est le genre de livres qui met le moral à zéro… C’est donc un bilan en demi-teinte que je dresse aujourd’hui, et je n’ai pas plus envie, dorénavant, de découvrir d’autres livres du genre…
Thelma voit le jour en 1968. Dès sa naissance, sa mère met une barrière entre elle alors que son père semble au contraire, un peu trop proche… Les années passent, ses parents se déchirent, sa mère ferme les yeux sur tout ce qui l’entoure, Thelma subit les jeux pervers de son géniteur. Un petit frère - Willy - vient édulcoré la vie du côté maternel, mais ne change pas grand-chose pour les deux autres. Thelma se réfugie dans un monde parallèle, évoluant avec plusieurs amies imaginaires qui la protègent et l’aident à « survivre ». Après quelques crises à l’école, le père, pour éviter un scandale, déménage et le reste de la famille ne tarde pas à le rejoindre au Canada où la vie semble beaucoup plus débridée… Un couple de voisins hippies qui les accueille complètement nu et deux fillettes imaginatives, voilà le nouvel univers de la petite Thelma. Le couple formé par ses parents implose finalement, la petite fille subit les nouveaux amis de sa mère, est contrainte de voyager - avec son petit frère - avec un routier inconnu pour rejoindre son père dans un snack en ruines pour passer NoëlThelma grandit tant bien que mal, inévitablement traumatisée par les évènements de son enfance, par un environnement sale et dépravé… Suite à l’inceste et au viol, elle doit faire face à une schizophrénie chronique et à une anorexie de plus en plus poussée. Thelma ne veut pas devenir une femme, ne veut pas grandir, ne veut pas avoir ses premières règles… alors pour ça, elle s’affame, ne garde que la peau sur les os… elle voudrait se transformer définitivement en pierre…
'
http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Auteurs/camillagibb.jpgLe contexte de cette histoire est intéressant, les dates et les lieux sont assez « importants ». L’héroïne nait en 1968, elle grandit donc pendant les années 70/80. Ses premières années se déroulent en Angleterre, dans un climat très fermé, très « comme il faut » où l’important est de paraître « normal » aux yeux des voisins et de ne pas faire de vagues dans le quartier. Au contraire, au Canada, Thelma découvre une vie beaucoup libre, elle passe son temps chez ses voisins hippies, sa mère fréquente ensuite des fumeurs de joints qui passe leur temps à exhiber leur corps… Comment se construire une vie « normale » avec un tel environnement, un tel entourage ? On dit souvent que le milieu dans lequel on vit forge notre caractère et façonne notre vie, mais là, ça saute aux yeux ! Thelma fait ensuite plusieurs voyages entre l’Angleterre (où elle suit des études à l’université, notamment) et le Canada et ces deux continents semblent amenés avec eux, deux des personnalités de la jeune femme. Thelma d’un côté (au Canada), et Héroïne de l’autre (en Angleterre). De la petite chambre miteuse qu’elle habite en Angleterre aux hôpitaux psychiatriques, Thelma nous entraîne dans le tourbillon de sa vie, de sa naissance dans une famille étrange, à son entrée dans la vie « d’adulte » avec son travail dans un cabinet d’avocats, ses relations difficiles avec les hommes et les femmes (elle se cherche, tombant amoureuse de tous les êtres qui lui portent un intérêt, même minime !)… c’est parfois difficile de la suivre…
Le livre n’est pas très épais (et heureusement), car je crois que je n’aurais pas supporté cette sensation de malaise sur plus de pages ! C’est dur, oppressant, dérangeant, démoralisant… et j’en suis arrivée à me dire : « Non, ce n’est pas possible, des vies comme celles-ci, ça ne peut pas exister ! Une famille pareille, un environnement comme celui-ci… Non, c’est trop horrible pour que ça puisse arriver ! ». On suit vraiment la descente aux enfers de Thelma, on est dans sa tête, on sait tout ce qu’elle ressent, tout ce qu’elle pense. « La Bouche pleine de mots »… oui. Thelma a besoin de « vomir » ces mots et franchement, pendant cette lecture, j’aurais bien eu envie de vomir moi aussi… L’inceste, les viols à répétition (pendant ses années à l’université par exemple), l’anorexie, les passages dans les hôpitaux psychiatriques, la schizophrénie (Thelma a des amies imaginaires, notamment une - Héroïne - qui va travailler à sa place dans les dernières années…)… fiou… C’est vraiment trop pour moi. Je suis trop sensible, trop émotive, lire de tels « témoignages », je vous jure, ça me mine ! Alors non, je n’ai pas vraiment aimé pour cette raison, mais à côté de ça, la lecture a « fonctionné » sur moi, puisqu’elle m’a mise très mal à l’aise ; de ce point de vue là, c’est une réussite de la part de l’auteur. Cependant, même si j’ai plaint Thelma tout au long de cette histoire, on ne peut pas non plus dire que je me sois beaucoup attachée à elle. Elle m’a émue parfois, mais pas tant que ça finalement. J’ai espéré qu’elle se sorte de cet enfer, à la fin, mais en fait, son destin ne m’importait pas tellement. Très paradoxal cette lecture !
En ce qui concerne le style de Camilla Gibb, là aussi, c’est paradoxal. Je n’ai pas adoré, mais je n’ai pas non plus détesté. J’ai trouvé certains passages très « beaux », très émouvants, d’autres par contre m’ont semblé très « nébuleux » et j’ai parfois du relire quelques phrases pour comprendre de quoi il retournait ! Quand Thelma à ses « crises » de schizophrénie, là, c’est encore plus dur à suivre ! Le texte est entièrement à la première personne du singulier, on est constamment dans la tête de l’héroïne, c’est ce qui fait toute la force du texte, mais c’est aussi ce qui « dérange » le plus ! C’est souvent très imagé, parfois « poétique » même, ne serait-ce que dans les titres de chapitres offerts par l’auteure (par exemple : « A bord d’un vaisseau spatial », « Un bonheur de troglodyte »…). En fait, on suit les pensées, les agissements d’une personne « malade », presque d’une personne sous l’emprise de drogues… alors les divagations s’expliquent…
J’ai tenté de faire quelques recherches sur le net, pour voir s’il s’agissait d’une histoire « vraie », d’une « autobiographie », mais je ne crois pas (et heureusement pour l’auteure !). Je ne sais pas si je tenterai un autre livre de Camilla Gibb, mais il faut avouer qu’elle a réussi, avec celui-ci, à me mettre mal à l’aise et que son style mérite peut-être qu’on la suive… A voir !


Les Petits [ + ] : Camilla Gibb a réussi son pari : elle met son lecteur très mal à l’aise avec cette lecture dérangeante, oppressante… Un témoignage à la première personne du singulier, on suit les pensées et les agissements de l’héroïne, comme si on était à sa place, c’est d’autant plus « fort » ! Une plume qui offre des moments « beaux », c’est souvent imagé et poétique. Le texte est court, les chapitres brefs… l’ensemble se lit vite mais pas sans dommages !
Les Petits [ - ] : Une lecture très dure, oppressante, dérangeante… et qui met le moral à zéro ! La schizophrénie de Thelma entraîne des passages assez « nébuleux », on se demande si elle « rêve », ou si ça se passe vraiment… Même si j’ai parfois plaint l’héroïne, je ne me suis jamais vraiment attachée à elle, j’ai gardé mes distances. Un titre qui ne me réconcilie pas avec le genre des « histoires vraies », des « témoignages » ; trop dur pour ma sensibilité !


Créer un podcast